Les instances de l'Alliance se sont réunies pour arrêter les grands axes du débat. Le chef du gouvernement M.Ahmed Ouyahia a saisi officiellement, lundi l'Assemblée populaire nationale (APN) pour présenter la déclaration de politique générale. Le bureau de la chambre basse se réunira lundi prochain pour fixer la date de la plénière. Mais tout porte à croire, selon nos sources, que cela se fera entre le 17 et le 25 mai. Le rapport en question sera transmis aux députés, 72 heures avant la séance plénière. Mais dans les coulisses de l'APN, les choses semblent déjà bien avancées. Ouyahia est attendu de pied ferme, aussi bien par l'opposition que par ses alliés stratégiques, et ce, dans une conjoncture politique marquée par les tirs croisés entre les différentes formations. La politique générale donnera lieu, on le devine, à des débats houleux, parce qu'il ne faut pas perdre de vue que, même si le rapport se base dans sa quasi-totalité sur des données économiques, le débat sera exclusivement politique. Avant la date butoir, les instances de l'Alliance composée par le RND, le MSP et le FLN se sont réunis pour arrêter les grands axes du débat. Contacté par nos soins, le vice-président du MSP, M.Abderrahmane Saïdi, a laissé entendre que les députés de sa formation sont libres d'aborder tous les sujets, dans le cadre des débats. «Même s'il est vrai que nous appartenons à la même entité politique dans le cadre de l'Alliance, il reste qu'il est du droit du député de refléter, en premier lieu, les préoccupations des citoyens», atteste notre interlocuteur. Le FLN en embuscade Par ailleurs, le parti ne perd pas de vue qu'il est membre de l'Exécutif, défend-il. Une donne qui sera, sans doute écartée à la faveur des débats, si on prend en considération les récentes déclarations des responsables du parti, lesquels sont montés au créneau pour exiger le départ d'Ouyahia de la tête du gouvernement. Le MSP va-t-il réitérer cette revendication lors des débats sur la politique générale? Saïdi s'est montré évasif, tenant à rassurer que l'objet de cette proposition ne vise aucunement la personne de Ahmed Ouyahia. «Nous avons simplement souhaité que le chef de l'Exécutif soit une personnalité indépendante sur le plan politique afin de contrecarrer les spéculations autour de la transparence des législatives de 2007». Pour le vice -président du MSP, un chef de gouvernement neutre «consolidera davantage l'Alliance entre les trois partis, et la protègera des manoeuvres de l'opposition». Le parti n'a pas abandonné sa proposition et attend toujours une réponse. Concernant la déclaration de politique générale, les députés du MSP axeront, affirme la même source, sur le programme du gouvernement adopté par le Parlement. «S'il y a des lacunes, il est normal que les députés les signalent, partant de leur droit constitutionnel de contrôler les actions du gouvernement». Ce dernier n'a pas manqué, par ailleurs, de saluer l'initiative du gouvernement qui renforce les relations entre les deux pouvoirs, exécutif et législatif. Le FLN, de son côté pèsera de tout son poids dans le débat, lui qui ne cache pas son mécontentement quant à la manière dont sont gérés les secteurs stratégiques. Il a été, en partie, soutenu par le président de la République, le 8 avril dernier, lors de sa visite d'inspection à Alger. Une ordonnance pour la loi de finances complémentaire. De son côté El Islah se prépare à ce rendez-vous. Pour le secrétaire national chargé de l'organique, Ouyahia a donné un aperçu général sur son bilan lors de la conférence de presse, tenue le 22 mars 2006. L'occasion sera, pour ce parti de l'opposition de se replacer en force sur l'échiquier politique après une éclipse imposée par sa crise interne. Notre interlocuteur a tenu à faire savoir que les propositions faites en 2004 et qui sont maintenues «sous le coude» feront l'objet des interventions des députés d'El-Islah. La présentation de politique générale ne réserve aucune surprise sur le plan du bilan qui sera fait sur les réalisations. Ouyahia a haussé le ton, le 22 mars, en estimant que le gouvernement ne va pas reculer sur des décisions prises, concernant notamment la privatisation. Dans son exposé, M. Ouyahia a parlé de cadre macroéconomique positif caractérisé essentiellement par une situation financière stable, une croissance qui stagne dans un taux très appréciable depuis près d'une décennie. L'inflation est maîtrisée pour la huitième année successive, au seuil de 1,6%. La liste des réalisations est longue. Elle comporte aussi le montant global des enveloppes allouées au programme quinquennal de soutien à la croissance et aux programmes de développement des régions du Sud et des Hauts-Plateaux qui atteignent les 100 milliards de dinars Mais le véritable «exploit» concerne le remboursement par anticipation de la dette. Une dette globale de l'Algérie qui était de 21,4 milliards de dollars à la fin 2004. La question des salaires sera l'un des points forts des débats. Sur un autre chapitre, tout porte à croire, selon nos sources, que la loi de finances complémentaire sera promulguée par ordonnance. «Pour le moment, l'APN n'a reçu aucune demande de la part du gouvernement pour réviser son agenda», précise notre source. Il est à signaler que l'APN arrête son programme au début de la session. Pour cette dernière, la loi de finances complémentaire n'a pas été inscrite à l'ordre du jour. «Le président a la prérogative de promulguer par ordonnances». A en croire notre source, la session de l'APN ne sera pas donc prolongée au mois de juillet. Outre la déclaration sur la politique générale, les députés devront examiner aussi le code de procédure pénale.