Il a calmé le jeu afin de ne pas fragiliser davantage «une entité présidentielle» dont la cohésion a été mise à rude épreuve. Le chef du gouvernement M.Ahmed Ouyahia, a présenté, hier, aux sénateurs le bilan de sa politique générale en prenant le soin d'effacer de la copie de sa déclaration, (identique à celle qu'il a lue le 22 mai 2005 devant l'Assemblée populaire nationale (APN), les volets ayant trait à la situation politique dans le pays. Ouayahia a consacré la quasi-totalité de son discours au bilan économique du gouvernement. Il a cité dans ce sens, le recul du chômage, une croissance économique de 5,2%. Une croissance qui ne cessera d'évoluer, souligne-t-il, avec le lancement du plan de soutien à la relance économique doté de 4200 milliards de dinars. Encore une fois, Ouyahia affirme que «l'opération mains propres» est loin d'être une campagne ponctuelle, en insistant sur la lutte contre la corruption et les maux sociaux. En effet, excepté le paragraphe relatif à la situation sécuritaire, qui a connu, de son avis, «une forte amélioration à travers le pays», ainsi que l'allusion faite à la réconciliation nationale qui «tend vers la paix civile dans le pays, y compris par la voie de l'amnistie», le chef de l'Exécutif s'est montré, à la grande surprise des observateurs, peu prolixe sur les questions qui animent la scène politique nationale, et qui ont été largement abordées devant la chambre basse, à savoir la révocation des élus de Kabylie, l'alliance stratégique, la réforme de l'école, ou encore la levée de l'état d'urgence. En somme, Ouyahia a écarté les sujets qui ont soulevé ces derniers jours les polémiques, notamment par les députés. Un choix qui semble bien calculé au lendemain de la rencontre qui a réuni les trois partis de l'alliance. Ouyahia a calmé le jeu afin de ne pas fragiliser davantage «une entité présidentielle» dont la cohérence est largement critique. Un constat réitéré à l'occasion de la rencontre de la troïka lundi, au siège du MSP. Rappelons aussi que le chef du gouvernement a, le 25 mai 2005, en réponse aux quelques 200 députés, fait savoir que les réformes engagées ainsi que les décisions politiques prises sont le choix du président de la République. Il a invité dans ce sens ses «alliés à soulever leurs préoccupations au niveau du conseil des ministres». La réplique de M. Boudjerra Soltani, président du MSP, et non moins ministre d'Etat, ne s'est pas fait attendre. Ce dernier a affirmé lundi dernier qu'«au niveau de notre mouvement nous faisons confiance en l'arbitrage du président». En se remettant à l'arbitrage du président, les alliés «stratégiques» semblent vouloir éviter la confrontation «publique». Cela s'est confirmé à travers les interventions des sénateurs durant les débats. En effet, hier, nous étions très loin des débats houleux entretenus par les parlementaires les 23, 24 et 25 mai dernier. Les chefs de file de l'alliance semblent avoir rappelé à l'ordre leurs élus dans l'objectif de dépasser la crise qui se profile à l'horizon. C'est le cas des militants du FLN qui ont salué en bloc «les efforts entrepris par le président de la République et le chef du gouvernement allant dans le sens du développement et la stabilité du pays». Abderrezak Bouhara a évoqué les indices de cet important saut fait, ces dernières années, par l'Algérie, citant «l'amélioration de la situation sécuritaire et les chantiers de réformes engagées dans plusieurs secteurs». Bouhara a précisé qu'«en choisissant, le 8 avril M.Abdelaziz Bouteflika comme président de la République, le peuple a opté pour la continuité dans l'esprit de la déclaration du 1er Novembre 1954». «C'est un message, ajoute-t-il, à ceux qui plaident pour la rupture avec l'ancien système». Bouhara s'est attardé sur la démocratie locale mettant en exergue «la faiblesse de représentation de la société civile dans les rouages de l'Etat». Les sénateurs du RND, comme il fallait s'y attendre, n'ont pas dérogé à la règle, en soutenant bec et ongles leur secrétaire général. A ce sujet, ils ont qualifié «de très positif le bilan du gouvernement». Seuls les députés du Mouvement de la société pour la paix (MSP) se sont permis quelques critiques formulées avec des propos «très diplomatiques», loin de la virulence des autres députés. Les sénateurs ont focalisé sur un principal sujet, ayant trait à la suppression de la filière sciences islamiques, qu'ils ont qualifiée de décision injustifiable. Les débats sur la déclaration de politique générale du gouvernement, au sein du Sénat, ont été marqués par une platitude et une stérilité frappantes, facilitant la tâche d'Ouyahia qui devra répondre, cet après-midi, aux interrogations des sénateurs.