Cette colère est une suite logique au «mépris» affiché par les autorités locales. Mercredi matin, au carrefour de Ain Naâdja (localité à l'ouest d'Alger), manifestaient des jeunes commerçants, et des moins jeunes pour l'ouverture du nouveau marché qui devrait mettre fin à l'activité informelle de certains autres marchands. Ce subit coup de colère est une réaction logique, selon nos interlocuteurs, au «mépris» affiché par les autorités locales à leur égard. 148 bénéficiaires sont concernés par l'ouverture de cet espace commercial qui, du moins, répond aux normes de l'hygiène. Le dossier traîne dans les tiroirs de la mairie depuis le 11 juin 2005, à en croire les protestataires. Ceux-ci n'ont pas hésité, tôt dans la matinée d'hier, à ériger des barricades aux alentours du marché en question. La circulation automobile a été perturbée, mais aucun incident n'a marqué cette manifestation qui se veut, selon les concernés, la seule issue pour faire bouger les choses au niveau des instances locales. «Le wali délégué a examiné le dossier et a instruit le maire pour le prendre en charge, mais rien n'est encore fait à ce jour», s'indigne un protestataire qui réclame la présence immédiate du maire. Un autre commerçant a tenu à exiger la fermeture pure et simple de l'ex-marché de la ville, livré à l'activité informelle qui a pris des proportions inquiétantes. «C'est à cause des bénéfices récoltés de cette activité illégale que certains marchands n'ont pas voulu faire pression sur les autorités afin d'ouvrir le nouveau marché», explique l'un des protestataires. Celui-ci est allé encore plus loin pour dire que certains commerçants, qui ont bénéficié au détriment des plus nécessiteux, n'ont pas hésité à revendre leurs locaux et maintenir l'activité informelle. «Seule l'ouverture de ce marché pourrait contraindre les partisans de l'informel à se conformer à la loi», soutient notre interlocuteur. Mais, un autre problème surgit. Que faire pour ceux, jugés plus prioritaires et plus nécessiteux, qui n'ont pas bénéficié de locaux dans le nouveau marché? Le problème est en effet assez complexe, ce qui a poussé les concernés à sortir dans la rue et exiger une solution urgente. L'intervention «diplomatique» des forces de l'ordre a évité tout incident, mais la tension n'est pas tombée, d'autant que les manifestants semblaient décidés à régler une bonne fois pour toutes leur problème. A l'heure où nous mettons sous presse, nous apprenons que le wali délégué est intervenu pour prendre le dossier en main. En tout cas, il est clair que les autorités locales n'ont plus intérêt à tergiverser. Car, selon toute vraisemblance, le ton des protestataires est loin d'être conciliant. Le problème du marché informel ne cesse de se poser comme un boulet au pied. Une fuite fiscale, un trou dans le Trésor public, un casse-tête social, mais surtout un coup sérieux à la crédibilité d'un pays qui ambitionne d'adhérer à l'Organisation mondiale du commerce.