«La lutte contre le terrorisme ou l'immigration clandestine ne peut être que globale», a suggéré Alger à la réunion de Nice. Les dix pays riverains de la Méditerranée occidentale, réunis hier, à Nice, dans le sud-est de la France, ont décidé de renforcer leur coopération dans la «lutte contre les migrations illégales» dans une déclaration commune publiée lors d'une conférence de presse organisée à l'issue de leurs travaux. Ces dix pays participants, en l'occurrence l'Espagne, la France, l'Italie, Malte, le Portugal, l'Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie, à la 12e Conférence des ministres de l'Intérieur de la Méditerranée occidentale (Cimo), ont notamment convenu de «développer la coopération opérationnelle contre l'immigration illégale en prenant en compte l'ensemble des routes migratoires». Le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, qui présidait cette 12e conférence, a souligné «la volonté commune des dix ministres de transformer la Cimo en organisme opérationnel pour lutter contre la criminalité organisée, les filières d'immigration clandestine et le terrorisme». Invité par la Cimo, le vice-président de la Commission européenne pour la justice et la sécurité, Franco Frattini, a assuré les dix pays du «soutien» de la Commission dans ces trois domaines, indiquant qu'elle était «prête à coopérer dans les mois qui viennent avec la Cimo». En matière de lutte «contre les migrations illégales» les dix pays, qui sont soit des pays de destination, soit des pays de passage de cette immigration clandestine, se sont donnés comme «objectif prioritaire» le démantèlement des filières et la «neutralisation des passeurs». Les dix pays de la Cimo comptent 257 millions d'habitants. La frontière sud de cet espace compte cinq pays (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie) et s'étend sur 6600 km, passage de l'immigration clandestine sub-saharienne. Dahou Ould Kablia, ministre délégué, chargé des Collectivités locales, et qui conduisait la délégation algérienne, a souligné que la lutte contre le terrorisme «doit concerner et mobiliser la communauté internationale toute entière (...) A notre sens, la lutte contre le terrorisme ne peut être que globale, elle doit concerner et mobiliser la communauté internationale toute entière et englober aussi bien les volets politique, sécuritaire et militaire, que les volets diplomatique, économique et social». Le ministre a rappelé, à ce titre, que «c'est dans ce contexte que l'Algérie, qui a eu à faire la douloureuse expérience de ce phénomène, a coopéré sans réserve avec de nombreux pays», ajoutant que pour vaincre le terrorisme, il est nécessaire de «combattre les auteurs des actes terroristes, certes, mais aussi nous devons combattre l'idéologie qui sert de soubassement à leur action comme l'extrémisme, l'apologie de la violence, ou l'intolérance». Ould Kablia a cependant, mis en garde contre les «risques d'amalgame souvent facile notamment entre terrorisme et résistance des peuples à l ‘oppression étrangère qui peuvent porter un préjudice à la noblesse de la lutte contre ce phénomène». Ould Kablia a également relevé que les pays de la rive nord de la Méditerranée «doivent définir et adopter une position et une politique claires, sans équivoque par rapport aux questions liées à la corruption et à l'immigration clandestine», estimant «qu'il ne peut y avoir de corrupteur, ni d'immigration illégale sans le travail au noir». Pour cela, il faut définir « le cadre d'une démarche globale, intégrée et équilibrée tant au niveau continental qu'au niveau régional et international, en prenant en compte les causes profondes du phénomène». La déclaration finale reprend nombre de propositions algériennes concernant la coopération dans ses différents domaines (circulation des personnes et lutte contre les migrations illégales, ainsi que la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée). Il y a à rappeler qu'en marge de cette conférence, environ 500 personnes ont manifesté dans le centre-ville sous la bannière de l'association «Unis contre une immigration jetable» et à l'appel des principaux partis de gauche et de syndicats. Les manifestants, qui ont défilé dans le calme et sous forte surveillance policière, entendaient protester contre le projet de loi sur l'immigration «choisie» de Nicolas Sarkozy, actuellement en examen à l'Assemblée nationale.