Le flux migratoire de l'Afrique vers l'Europe renseigne sur une misère à laquelle les démocraties occidentales ne sont pas totalement étrangères. L'Onu a traité dans sa dernière assemblée générale, sous le thème de «mondialisation et interdépendance» du lien entre migration internationale et développement. Dans son communiqué 3156 du département de l'information, la Deuxième Commission rapporte des résumés de la 15e et 16e séances consacrées à ce sujet épineux, et fait état de la position de l'Algérie qui a toujours appelé à solutionner le problème des flux migratoires dans un cadre concerté et global entre les pays africains et européens. L'Algérie s'est montrée inquiète de la montée, dans les pays d'accueil, de l'intolérance, de la xénophobie et du racisme. Ces réactions sont dues, selon le représentant algérien, «à un réflexe de peur attisé par des cercles politiques, contre les migrants, surtout quand ils sont d'origine musulmane». L'Algérie a dénoncé qu'on fasse volontairement «un amalgame entre migration, Islam, terrorisme et tensions sociales». Le débat sur la migration, a prévenu le représentant algérien, «ne devrait pas, comme le veulent certains pays, instrumentaliser la coopération au développement pour en faire un outil de contrôle ou de limitation de la migration.» Parmi les phénomènes que crée ou qu'accentue la mondialisation, ceux des migrations internationales, du choc des cultures, de la corruption transnationale et de la fracture numérique, ont été débattus aujourd'hui par la Commission économique et financière (Deuxième Commission), soit une quarantaine de délégations. L'écart technologique grandissant entre pays riches et pays pauvres et l'impact qu'il a sur l'acquisition des connaissances indispensables à une participation effective aux échanges économiques mondiaux, devient le premier facteur des inégalités que l'on observe dans le contexte de la mondialisation, ont constaté de nombreuses délégations. Si à la fracture numérique on ajoute la fuite des cerveaux, que facilitent les migrations internationales, on se rend compte qu'il reste aux pays en développement, très peu d'espoir de vaincre la pauvreté et de réaliser, dans les délais impartis, les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). La représentante du Bureau du Haut représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays sans littoral et les petits Etats insulaires en développement a déclaré que les PMA, dont sont issus 5% des migrants mondiaux, ont perdu, au cours des deux dernières décennies, leurs meilleures ressources humaines. En moyenne, ces pays ont vu partir 34% de leurs diplômés. Des pays comme Haïti, Samoa, le Cap-Vert, la Gambie, la Sierra Leone, le Mozambique et le Libéria ont perdu 45 à 83% de leurs cadres les mieux instruits, a souligné Mme Schmidt pour démontrer l'ampleur du phénomène. Autre facteur d'inquiétude, la plupart de ces migrants qualifiés ne semblent pas envisager un retour dans leur pays d'origine, ce que semble indiquer la modicité de leurs transferts de fonds, qui sont beaucoup plus faibles que ceux des ressortissants des autres pays en développement. En mai 2006, les dix pays riverains de la Méditerranée occidentale, réunis, à Nice, dans le sud-est de la France, avaient décidé de renforcer leur coopération dans la «lutte contre les migrations illégales», dans une déclaration commune publiée lors d'une conférence de presse organisée à l'issue de leurs travaux. Ces dix pays participants, en l'occurrence l'Espagne, la France, l'Italie, Malte, le Portugal, l'Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie, à la 12e Conférence des ministres de l'Intérieur de la Méditerranée occidentale (Cimo) avaient essayé de trouver des solutions à un phénomène qui se pose sur les plans économique, politique, sécuritaire et humain. Dahou Ould Kablia, ministre délégué, chargé des Collectivités locales, et qui conduisait la délégation algérienne, avait souligné que la lutte contre l'immigration clandestine, et partant, contre le terrorisme «doit concerner et mobiliser la communauté internationale toute entière (...) A notre sens, la lutte contre le terrorisme ne peut être que globale, elle doit concerner et mobiliser la communauté internationale toute entière et englober aussi bien les volets politique, sécuritaire et militaire, que les volets diplomatique, économique et social».