Le professeur Kamel Senhadji a enfin parlé. Président de l'Agence nationale de sécurité sanitaire, qui a fait l'objet de nombreuses critiques ces dernières semaines, en raison de l'absence de toutes initiatives permettant d'anticiper et de prévenir les situations de crise comme celle de la pénurie d'oxygène que vit actuellement le pays, le professeur affirme que le travail qu'il mène avec son équipe d'éminences grises, est un travail de fond«je réponds à mes détracteurs sur la base de mes travaux. L'Agence travaille sur le terrain et soumet à la présidence de la République, périodiquement, ses rapports et ses propositions, concernant la situation épidémiologique dans le pays.» Et de préciser «j'ai donné mon avis au chef de l'Etat, et j'étais pour un confinement total. J'ai donné mon avis en tant que scientifique et la décision d'appliquer un confinement partiel a été prise pour des considérations économiques et sociales conformes à la situation actuelle.» Pour lui, la troisième guerre contre le virus s'annonce «rude et sans merci». Ce chercheur dira que «la situation ne peut pas être contrôlée, en raison de l'insuffisance d'informations scientifiques à son égard». Sommes-nous dépassés par la troisième vague? Dans ce sillage, l'intervenant avoue qu'un plan «B» s'impose. Rappelant que «c'est la diffusion du variant Delta, plus contagieux que les autres, qui a fait repartir à la hausse l'épidémie», le professeur n'a pas exclu «un retour à un confinement sanitaire total». «Cette option reste envisagée, si un fléchissement de la courbe épidémiologique n'est pas constaté à la fin de la période du confinement en cours,» a-t-il déclaré. Il faudrait, selon lui, attendre un peu pour mesurer l'impact du couvre-feu sur la situation épidémiologique. «Mais en même temps», a-t-il poursuivi, «il faut veiller à l'application stricte des mesures sanitaires.» Le même responsable n'a pas manqué de passer la riposte du ministère de la Santé au peigne fin, proposant, au passage, la révision de quelques points du plan adopté dans le cadre de la lutte contre la pandémie. «Je pense que le transfert de tous les ser-vices d'urgences au niveau des hôpitaux en service Covid-19 a montré ses limites, et ces espaces sont devenus un foyer de l'épidémie, que ce soit pour les patients ou les médecins,» a-t-il avancé. Cela, avant de proposer «la mise en place de trois ou quatre grands espaces au niveau des wilayas touchées, avec toutes les fournitures médicales suffisantes pour faire face au nombre important et croissant des personnes atteintes.» Une proposition dépassée puisque déjà mise en application sur le terrain. Concernant la vaccination, Kamel Senhadji estime qu'elle est trop lente en raison de l'indisponibilité des vaccins. Il appelle à l'intensification du rythme de la campagne de vaccination, à 400000 personnes vaccinées par jour, soutenant que les difficultés d'approvisionnement en vaccins sont un frein qui empêche l'Algérie d'atteindre rapidement un taux d'immunité collective appréciable. «La vaccination est la seule solution capable de freiner la propagation du virus. Cependant, la généralisation du processus de vaccination se heurte au problème du manque de quantités suffisantes de vaccin, afin de vacciner des millions d'Algériens dans un court laps de temps, point final.», a-t-il conclu.