Le Premier ministre, ministre des Finances semble avoir une toute autre vision de ce que devra être l'action gouvernementale sur le terrain. Il semblerait aussi qu'Aïmene Benabderrahmane n'est pas du tout convaincu des données, jusque-là fournies par certains départements ministériels, au sujet de la situation réelle des activités de ces secteurs. À travers les nouvelles directives du chef de l'Exécutif, on peut aisément percevoir une nouvelle vision du travail gouvernemental, qui sera esquissée tout au long des prochains mois. En tout cas, espérons-le, faut-il le signaler, pris de court par les écarts de la gestion de la crise sanitaire et les défaillances des ministres en charge de la question, Aïmene Benabderrahmane a vu, ainsi, ses plans de travail contrariés. Mais l'heure n'est plus aux tergiversations ni aux atermoiements des uns et des autres. Le ton est donné, à travers les recommandations et les directives strictes et urgentes, à l'issue du récent Conseil du gouvernement, données à certains ministres, dont ceux de l'Agriculture, de la Santé et de l'Industrie. À l'issue de ce conclave gouvernemental, le Premier ministre vient d'enjoindre au ministre de l'Agriculture de prendre, dans l'urgence, un certain nombre de mesures pratiques. Il s'agit, en fait, de celles dont l'urgence est signalée, en vue de la relance de l'activité agricole, le répertoriage» des structures du secteur, le lancement d'un audit général et le parachèvement de la promulgation des textes réglementaires encadrant différentes activités du secteur, aux fins d'«assurer l'exploitation optimale du foncier agricole et des capacités de production nationale», et «promouvoir l'investissement dans le secteur agricole», le Premier ministre recommande «la finalisation et la promulgation de textes réglementaires encadrant les procédures d'accès et de récupération du foncier agricole...». Les maîtres-mots dans cette stratégie étant «la sécurité alimentaire du pays, à travers l'amélioration de la production céréalière et laitière et la réduction de la facture d'importation des produits de large consommation», Benabderrahmane a appelé au «développement des cultures industrielles et l'optimisation des dispositifs de soutien aux céréales et au lait». Faisant face aux caprices du temps, il appellera également à «la concrétisation d'un programme d'irrigation d'appoint, qui concerne une superficie globale de 158 000 ha, imposé par les conditions climatiques difficiles et les irrégularités pluviométriques». Reste à signaler, par ailleurs, cet audit commandé par le Premier ministre à son ministre de l'Agriculture, au sujet de «l'ensemble des organismes en charge de la régulation de la production agricole, pour qu'ils assument convenablement leur mission principale qui est la régulation». Le grand argentier du pays a également recommandé à son ministre «l'importance de disposer de statistiques fiables sur la production des produits essentiels, à l'effet de mieux maîtriser les importations de ces produits et partant, les données relatives aux dispositifs liés au soutien des prix de ces produits». Autant dire que Benabderrahmane, en fin connaisseur des failles de l'Exécutif et du travail de ses collègues, a mis le doigt sur la plaie. Sale temps pour les ministres, diront certaines mauvaises langues. Le successeur de Djerad aura-t-il les coudées franches pour mener le bal des ministres, suivant sa vision et sa stratégie de travail?