En l'espace d'un an, le nombre de malades a doublé. La Leishmaniose, maladie du pauvre par excellence, prend des proportions alarmantes en Algérie. Selon les dernières statistiques du ministère de la Santé, 30.227 cas de leishmaniose cutanée ont été recensés à la fin 2005. C'est ce qu'a affirmé hier le professeur Slimi, lors de son intervention au séminaire international sur la leishmaniose tenu à l'hôtel Mercure d'Alger. Comparativement à l'année 2004, où 16 828 cas ont été enregistrés, le nombre des personnes atteintes a donc doublé en l'espace d'une année. Cette évolution rapide de la maladie constitue une véritable menace de la santé publique. Présentant un récapitulatif sur l'évolution de la maladie ces dernières années, le docteur Slimi rappelle que le nombre des personnes atteintes par cette maladie était de 8000 en 1997. Les régions du Centre sont les plus touchées par cette maladie. Rien que dans la région de Ghardaïa, 2040 cas recensés durant l'année 2005 et plus de 1400 à Médéa. Il y a lieu de souligner qu'il y a trois types de leishmaniose: la leishmaniose cutanée, la leishmaniose muco-cutanée et la leishmaniose viscérale. Elle est transmise par la morsure d'un phlébotome, petit insecte ayant l'aspect d'un très petit moustique. Le docteur Slimi affirme que la raison principale de la progression de la maladie dans notre pays est le manque d'hygiène. Comme elle est liée notamment à la dégradation de l'environnement et au changement climatique, deux facteurs qui stimulent l'apparition des rongeurs. D'ailleurs, des centaines d'hectares sont affectés annuellement. Durant la campagne 2005-2006, plus de 200.000 hectares ont été infestés par les rongeurs. Devant cet état de fait, un plan national de lutte contre la maladie a été mis en place par le département de la santé. De plus, une commission interministérielle a été également installée dans ce sens. Celle-ci a déployé des moyens financiers et techniques pour traiter les terrains ravagés et stopper la progression de la maladie. Sur les 200.000 hectares infestés, 163.000 ont été traités par l'Institut national de protection des végétaux contre 400.000 en 2005. Ce qui a coûté une enveloppe de 65 millions de dinars. Concernant le traitement des personnes atteintes, le responsable du laboratoire de référence leishmaniose de Pasteur, le Dr Harrat, estime que la prise en charge de tous les malades exige une enveloppe budgétaire de 12 milliards de centimes. Les besoins pour la lutte contre cette maladie s'élèvent à plusieurs milliards de centimes, estime le représentant du ministère. Le ministre Amar Tou avait déclaré au début de l'année en cours que «l'objectif de son département est de réduire de 50% le nombre des cas déclarés». Ce dernier avait même annoncé qu'une enveloppe financière de 13 milliards de dinars sera consacrée à 24 programmes de prévention durant les cinq prochaines années. Il s'agit des programmes nationaux de prévention et concernera notamment les maladies non transmissibles (MNT) et transmissibles (MT), la protection maternelle et infantile, les maladies transmissibles et d´hygiène du milieu, les programmes d´hygiène en milieux éducatifs. Enfin, il y a lieu de souligner que ce séminaire a été organisé par la société Bayer Environnemental Science en collaboration avec le laboratoire ARD libanais spécialisé dans la lutte contre la leishmaniose.