L'aveu! Des remords et des regrets aussi. Nos experts ne pouvaient, en effet, ignorer que le variant Delta du Sars-Cov-2 était puissamment contaminant et meurtrier. Que la pandémie est mondiale. Que l'Algérie allait y être inéluctablement confrontée, à partir du moment où sa présence y a été détectée. L'ennemi invisible a fini par frapper sans avoir à contourner d'éventuels remparts: la campagne de vaccination tournait au ralenti et les gestes barrières, le port du masque, la distanciation sociale, majoritairement ignorés. La Covid-19 ne s'est pas fait prier pour s'engouffrer dans cette brèche et reprendre sa folle course meurtrière. Trop tard pour endiguer cette vague particulièrement dévastatrice, alors que l'alarme était pourtant donnée à travers toute la planète. Lorsque l'on veut gagner une guerre, il est impératif d'unir ses forces. Lorsque, de surcroît, on ne dispose pas de gros moyens, il est absolument interdit de baisser la garde, sinon, c'est la Berezina. Un cliché que renvoie cette troisième vague de Covid-19, la plus meurtrière depuis le début de la pandémie. C'est aussi, schématiquement, ce qui ressort de l'intervention du professeur Kamel Sanhadji. «Hélas, on a tergiversé. On avait eu le temps de se redéployer pour faire des aménagements. Des leçons qu'il fallait apprendre à partir de ce qui se passait dans le monde», a déclaré, hier, le directeur de l'Agence nationale de la sécurité sanitaire sur les ondes de la Chaîne 3. Il aurait fallu aussi fédérer les propositions de tous les acteurs impliqués dans la lutte contre la Covid-19. Une faille mise en exergue par l'invité de la rédaction de la Chaîne 3 qui donne un aperçu de la discorde qui règne au sein du gotha du secteur de la santé. Le département de Benbouzid en porterait la responsabilité. Comment cela se passe-t-il? «Je ne vois le comité scientifique que lorsque le président de la République nous réunit. L'agence joue son rôle pleinement. Le département de la santé préfère fonctionner de cette façon», affirme le professeur Kamel Sanhadji. Qu'en pense-t-il? «Ce n'est pas ce qui est demandé et ce n'est pas l'idéal pour pouvoir coordonner toute l'activité en matière de santé publique», souligne l'invité de la Chaîne 3, qui a annoncé que l'Agence nationale de sécurité sanitaire a réuni des experts et spécialistes dans plusieurs domaines pour mettre en place une cartographie de la situation sanitaire actuelle, depuis le 31 juillet. Le groupe d'experts va proposer différentes actions à mener. Cette stratégie sera mise à la disposition du président de la République. Qu'en est-il de la crise de l'oxygène qui a tenu en haleine l'opinion publique? «Des diagnostics précis ont été faits par rapport aux problèmes d'oxygène, de réanimation, de prise en charge des patients et de la vaccination», a indiqué le professeur Sanhadji, qui recommande de mettre en place plusieurs grandes structures dédiées au Covid-19, pour améliorer la prise en charge des patients et soulager les équipes médicales. «Il faut externaliser la prise en charge des patients Covid-19 et les sortir des hôpitaux, car le variant Delta est aussi contagieux que la varicelle», a souligné l'éminent spécialiste dans les déficits immunitaires, l'immunologie des transplantations et le sida. «Il faudrait réaliser quatre grands centres, à l'est, à l'ouest, au centre et au sud, choisir des lieux comme la Foire ou autres, les équiper avec une centrale à oxygène et mettre des milliers de lits dans des box.