Les Américains trouvent que les cours actuels de l'or noir sont élevés. Et ils le crient tout haut. La faute à qui? L'Opep+ n'en fait «pas assez» et menace la reprise de l'économie mondiale et les prix à la pompe, a déclaré le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan. «La hausse des coûts de l'essence, si elle n'est pas maîtrisée, risque de nuire à la reprise mondiale en cours», a-t-il affirmé. Les «23» font la sourde oreille à cet appel du pied qui résonne comme un avertissement. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses dix partenaires dont la Russie qui ont souffert de la baisse des prix avant qu'ils ne se stabilisent autour des 70 dollars n'est certainement pas encline à satisfaire les desiderata de Washington préoccupée par des considérations internes pour s'exposer à un éventuel plongeon du baril qui mettrait leurs économies, déjà mises à mal par la pandémie de Covid-19, en péril. Les «23» font pour le moment la sourde oreille. Finiront-ils par réagir? «Je ne pense pas qu'il y aura une réponse de l'Opep, au moins pour l'instant», pronostiquait Matt Smith de ClipperData. Les pays producteurs «sont probablement inquiets du ralentissement de la demande en Asie au point de peut-être envisager de cesser les hausses de production prévues, ce qui irait totalement à l'opposé de ce que la Maison-Blanche leur demande de faire», a-t-il expliqué. Cette demande de Washington illustre aussi le fait que «seule l'Opep++ a, actuellement, la capacité d'augmenter de manière significative l'offre de pétrole dans le monde, ce qui lui confère un grand pouvoir sur le marché», a fait remarquer, pour sa part, Carsten Fritsch, du second groupe bancaire allemand Commerzbank. Il faut noter aussi que l'Agence internationale de l'énergie, bras armé énergétique des pays occidentaux, ne partage pas la «sommation» américaine. Le marché pourrait même «redevenir excédentaire en 2022 si l'Opep+ continue à abandonner ses coupes» et si les autres producteurs ouvrent le robinet en réponse à des cours plus élevés, écrivent les experts de l'AIE dans leur rapport mensuel publié jeudi dernier. Comment a répondu le marché à ces déclarations contradictoires? Le baril de Brent qui s'était légèrement replié jeudi d'à peine 13 cents a accentué ses pertes le lendemain, mais reste, toutefois, au-dessus de la barre des 70 dollars. Il s'est replié de 72 cents pour clôturer la semaine qui s'est achevée le 13 août à 70,59 dollars. Deux facteurs imbriqués et non des moindres continuent de plomber les prix: la recrudescence de la pandémie de Sars-CoV-2 qui menace la croissance de la demande mondiale d'or noir. «Nous sommes tributaires des nouvelles sur le front de Covid-19.