Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavusoglu, est arrivé, hier, à Alger dans le cadre d'une visite de deux jours. Hasard du calendrier, les deux pays ont été frappés par des incendies, ainsi que par des inondations en Turquie. Ramtane Lamamra et son invité ont observé une minute de silence et lu la Fatiha à la mémoire des victimes algériennes et turques, ainsi que de l'équipage de l'avion bombardier d'eau russe qui s'est écrasé en Turquie, rapporte un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Des épreuves douloureuses qui cimentent des relations qui n'ont jamais souffert d'une grave mésentente. Ankara a, en effet, toujours veillé à maintenir des rapports cordiaux et soutenus avec Alger. L'appartenance assumée de l'AKP, le parti présidentiel, à la Ligue des Frères musulmans n'est visiblement pas intégrée dans la vision turque en direction de l'Algérie. L'ambassadrice turque qui recevait la presse algérienne, il y a quelques mois, a clairement affiché la volonté de son pays d'édifier des rapports basés sur le principe de gagnant-gagnant. L'Etat turc, disait-elle ne nourrit aucune ambition cachée dans ses relations avec l'Algérie. Les accusations de soutien au mouvement Rachad sont balayées d'un revers de la main. Et l'invitation adressée par Lamamra à son homologue Mevlüt Çavusoglu, tend à confirmer une convergence de vues sur ce dossier auquel Alger accorde une importance capitale. De fait, cette visite porte en elle la volonté des deux pays de renforcer un partenariat multiforme qui peut très bien être cité en exemple. On l'aura, d'ailleurs, constaté lors de l'un des épisodes de la crise libyenne qui a vu l'intervention militaire turque dans le conflit interlibyen. La perspicacité de la diplomatie algérienne, mais aussi la confiance mutuelle que s'accordent Alger et Ankara, ont largement contribué à une réelle baisse des tensions, la formation d'un gouvernement et la perspective encourageante d'élections générales dans le pays du défunt Kadhafi, que les deux pays soutiennent et encouragent. C'est dire qu'il n'existe objectivement pas de nuages susceptibles de brouiller les relations algéro-turques, en passe d'être bétonnées par les deux peuples qui semblent s'apprécier mutuellement. Le brassage des populations n'est pas encore massif, mais il est tout de même un fait établi et les gouvernements n'y sont pas hostiles, loin s'en faut. Cette convergence d'intérêts à tous les niveaux travaille en faveur d'un développement conséquent des relations économiques. En cela, le principe de gagnant-gagnant trouve toute sa signification. Les échanges commerciaux bilatéraux qui pèsent plus de 3 milliards de dollars sont pour quelque chose dans l'amélioration des chiffres des exportations hors hydrocarbures. Des investissements turcs entrés en production contribuent aux exportations algériennes. L'ambition est de porter ces échanges très vite à 5 milliards de dollars. Beaucoup d'opérateurs du pays de l'ex-Porte sublime sont prêts à as'installer en Algérie. Ils exercent dans tous les domaines, notamment dans la sous-traitance automobile. Ces nouveaux investisseurs appuieront leurs compatriotes déjà très présents dans la sidérurgie, le textile et l'industrie pharmaceutique et qui emploient déjà 25000 Algériens.