Une délégation du gouvernement afghan a annoncé sa présence hier aux Emirats arabes unis, où se sont déroulés la veille des pourparlers entre des représentants des Etats-Unis et des talibans. Négociations destinées à mettre fin au conflit en Afghanistan. «L'équipe des négociateurs afghans est à Abu Dhabi pour entamer un dialogue de proximité avec la délégation talibane et préparer une rencontre entre les deux parties», a tweeté hier le porte-parole de la présidence afghane, Haroon Chakhansuri. Lundi, les talibans ont répété n'avoir «aucune rencontre prévue» avec les représentants de Kaboul et que «des pourparlers ne se tiendront qu'avec les Etats-Unis en présence de certains autres pays». Dans un nouveau message publié hier, les talibans ont indiqué avoir «tenu une série de réunions approfondies avec les hauts responsables de l'Arabie Saoudite, du Pakistan et des Emirats arabes unis». «Les pourparlers ont porté sur le retrait des forces d'occupation de l'Afghanistan, mettant fin à l'oppression exercée par les Etats-Unis et leurs alliés, et des échanges de vues ont eu lieu sur la paix et la reconstruction de l'Afghanistan», a indiqué le porte-parole taliban, Zabihullah Mujahid. Les talibans ont soutenu avoir tenu des «pourparlers préliminaires avec le représentant spécial du département d'Etat, Zalmay Khalilzad». Lundi, le département d'Etat américain a confirmé le déroulement de réunions à Abu Dhabi qui «s'inscrivent dans le cadre des efforts déployés par les Etats-Unis dans leur stratégie en Asie du Sud pour promouvoir un dialogue intra-afghan visant à mettre un terme au conflit en Afghanistan». Selon la présidence afghane, son équipe de négociation devrait rencontrer Zalmay Khalilzad ainsi que les représentants des Emirats arabes unis et d'Arabie Saoudite. Or, pour les talibans, la solution au conflit afghan passe par le départ des forces étrangères du pays. Les envahisseurs Le 27 décembre 1979, les troupes soviétiques envahissent l'Afghanistan pour soutenir le gouvernement de Najibullah, allié de Moscou. Ils quittent le pays en février 1989. En 1992, Najibullah tombe. Se déclenche alors une guerre entre factions afghanes. Les talibans prennent le pouvoir en 1996. En mai 1997, le Pakistan, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis reconnaissent le gouvernement taliban. Sanctionné par les Nations unies, ce gouvernement se rapproche d'Al Qaîda et accueille son chef, Oussama Ben Laden. Après les attentats du 11 septembre 2001 à New York, les Etats-Unis et leurs alliés de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) interviennent en Afghanistan, évincent les talibans du pouvoir et y installent Hamid Karzaï. Ce dernier remporte en octobre 2004 la première élection présidentielle. En septembre 2014, un accord de sécurité est signé à Kaboul par l'ambassadeur des Etats-Unis, James Cunningham, et Hanif Atmar du Conseil afghan à la sécurité nationale. Le président Karzaï a refusé de signer l'accord. Le document en question porte sur la nouvelle mission «Soutien résolu». Elle assurera l'entraînement et l'appui des forces afghanes qui combattent les talibans. Cette force remplace les troupes de l'OTAN, à savoir l'International Security Assistance Force (Isaf) qui ont quitté, fin 2014, le pays. Le président afghan, Ashraf Ghani, a annoncé fin novembre la constitution d'une «équipe de négociation» et qu'une «feuille de route pour les négociations de paix» a été établie. En revanche, les talibans ont rétorqué vouloir négocier «avec les envahisseurs américains» et non avec l'Exécutif de Kaboul, qualifié d'«entité impuissante imposée de l'étranger».