Ils ne sont pas, selon lui, le fruit d'investigations mais de règlements de compte inter-clans. Le président de la Confédération des cadres des finances et de la comptabilité (Ccfc), Karim Mahmoudi, a dressé hier un bilan négatif sur la situation dans le secteur financier. «Il va y avoir de très grands scandales qui vont éclater prochainement», a-t-il annoncé lors d'une conférence de presse animée au siège du club des cadres à Alger. Pour lui, les précédents scandales n'étaient pas le fruit d'une investigation mais plutôt des règlements de comptes inter-clans. M.Mahmoudi, qui a rappelé les scandales de la BNA, de la Bcia et de la BEA s'est demandé si ceux qui étaient à l'origine de ces derniers sont au-dessus des lois. Il reste plutôt convaincu que les vrais coupables «sont protégés». Pour lui, si les retraits d'agrément et les scandales peuvent être estimés au plan financier, l'impact sur le simple épargnant et les investisseurs demeure insondable. C'est la crédibilité des institutions financières algériennes qui en prend un sérieux coup, selon lui. «Il sera très difficile, en effet, de regagner la confiance des petits déposants ; pis encore, l'Algérie a perdu toute sa crédibilité en matière financière.» Notons que, selon des experts de la finance, le taux de bancarité a dramatiquement chuté durant l'année 2005 qui a été incontestablement la plus «fertile» en scandales et retraits d'agrément. M.Mahmoudi a estimé également que l'image du système financier algérien ne sera pas reluisante chez les investisseurs étrangers auxquels il a été reproché un manque d'engouement pour le marché algérien, malgré toutes les facilités qui leur sont accordées. «Pour l'instant, l'Algérie a de l'argent et tout le monde va prendre sa part du gâteau. C'est à partir de là que la corruption va s'amplifier», a-t-il avancé, tout en critiquant la gestion des banques publiques. Se basant sur son expérience dans ce domaine, il dira que jamais un ministre des Finances n'a eu le pouvoir sur les banques publiques. «Certains responsables n'obéissent pas à un cursus professionnel». C'est ainsi qu'il évoquera le problème qui réside actuellement au niveau de la Badr. «En vertu de quelle loi on limite le rôle de cette banque au secteur agricole?», s'est-il interrogé en argumentant que les banques doivent obéir à des règles universelles. Il considère toutefois que «la gestion des banques publiques est devenue une gestion des clans». Une situation pareille porte, selon lui, préjudice à l'avenir du pays. Sur un autre volet, le conférencier a évoqué la lutte des syndicats autonomes. Il a qualifié la situation d'alarmante en estimant que les libertés se rétrécissent de plus en plus et que toute tentative de rencontre est sabotée. «La confédération apporte son soutien total aux syndicats qui se battent avec dignité». La Ccfc compte saisir, dans ce sens, les instances internationales, en envoyant, prochainement, à en croire M.Mahmoudi, une délégation auprès de l'UE. Le conférencier n'hésitera pas à soulever, en outre, la question du pacte social. En le qualifiant de «courant d'air» , il dira qu'un pacte social n'a aucun sens si les partenaires sociaux ne sont pas impliqués. A la fin, il a tenu à critiquer les deux événements qui ont eu lieu hier, à savoir le deuxième Forum international de la finance et le Salon «Finance et finance Tec 2006».