Le président de la FAF entend assumer ses responsabilités jusqu'au bout. Le recrutement du Français Jean-Michel Cavalli ne semble pas être du goût du ministère de la Jeunesse et des Sports et de son premier responsable, le ministre lui- même. Jeudi dernier à l'occasion de l'inauguration du Cnlst de Tikjda, il a eu l'occasion d'évoquer le sujet pour indiquer que la venue du Français était conditionnée par son accord. Cette sortie médiatique du ministre n'a pas satisfait du tout le président de la FAF qui, à son tour, a affirmé qu'en recrutant Cavalli il agissait conformément aux prérogatives que lui conféraient les statuts de l'instance du football et qu'il en assume l'entière responsabilité. C'est bien la première fois depuis son élection, il y a maintenant presque trois mois, que M.Hamid Haddadj sortait de sa réserve. Il est vrai que l'homme en avait gros sur le coeur depuis quelque temps. Il était tellement débordé par le MJS dans certaines prises de décisions qu'il passait au yeux de l'opinion publique comme quelqu'un qui n'a pas de force de caractère. En tant que cadre de la nation (il a été, ne l'oublions pas, P-DG de Saidal) il était carrément relégué au rôle de spectateur. C'est qu'avant Cavalli il y a eu l'épisode Schnittger et cela lui est certainement resté en travers de la gorge. Rappel des faits: Haddadj avait présidé une réunion du bureau fédéral qui avait conclu à la désignation de Fodil Tikanouine au poste de directeur technique national. Le même jour, alors que l'annonce de cette décision était faite, le ministre déclare avoir «déniché» un entraîneur pour l'équipe nationale en la personne de l'Allemand Peter Schnittger. Le lendemain, ce dernier est interviewé par la Radio nationale et il est ébahi par ce qu'avait déclaré le ministre, la veille. «Je n'ai jamais dit que je venais en Algérie pour entraîner son équipe nationale. Devenir entraîneur ne m'intéresse pas. Je suis trop âgé pour cela. Ce que je voudrais faire c'est m'occuper de la formation des techniciens et des joueurs.» Suite à quoi la presse se saisit de l'affaire pour dire que l'équipe nationale restait toujours sans entraîneur. Pris de court par la déclaration de Schnittger, le MJS rédigeait par la suite un communiqué dans lequel il indiquait que Schnittger venait en Algérie pour occuper le poste de directeur technique national. Ce revirement du ministère avait de quoi choquer, car la FAF avait déjà pourvu ce poste avec la désignation de Fodil Tikanouine, mais pour le ministère c'était sa parole qui passait en premier. Au yeux de l'opinion publique, Hamid Haddadj et son bureau fédéral étaient dévalorisés. Le ministère avait lui-même contacté l'Allemand et c'est lui-même qui l'a recruté alors que la logique des choses aurait voulu que ce soit la fédération qui choisisse l'homme qu'il faut pour la DTN, à charge, ensuite, pour le ministre de donner son accord. Et même s'il n'accepte pas, c'est encore à la FAF que revient la mission de prospecter et de contacter une nouvelle fois. On comprend par là que si le MJS venait à refuser le recrutement de Cavalli ce serait la goutte qui ferait déborder le vase. Hamid Haddadj et son bureau fédéral ne semblent pas disposés à accepter une nouvelle remise en cause d'une décision prise par eux. On attend de voir quelle sera la réaction du MJS suite à la désignation de Cavalli au poste d'entraîneur national. Il est évident que depuis sa nomination à la tête du MJS, M.Yahia Guidoum entend faire valoir son point de vue sur les fédérations sportives. Une quinzaine de jours après son installation, il y a de cela une année, il était intervenu auprès de la presse pour affirmer qu'il avait trouvé un mouvement associatif fort, représenté par les fédérations sportives, face à une administration du ministère faible. A partir de là, il paraissait inéluctable qu'il allait chercher à renverser la vapeur, encore qu'il n'était pas du tout établi que ces fédérations étaient réellement plus puissantes que l'administration du MJS. Aucune de ces fédérations ne se lançait dans une opération sans en aviser le ministère, et cela bien avant que M.Guidoum n'arrive. En outre le moindre fait et le moindre geste des responsables fédéraux et des équipes nationales étaient minutieusement contrôlés par les services ministériels. On ajoutera que le Centre de Sidi Moussa, à l'origine, devait être cédé à la FAF. Le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, lorsqu'il était venu, en 2003, poser la première pierre de la structure l'avait fait pour la construction d'un centre de regroupement des équipes nationales de football. L'affaire avait traîné, traîné, jusqu'à mettre hors-jeu la FAF qui avait raté, en la circonstance, l'aide de la FIFA dans le cadre du projet Goal et le centre va être transformé en centre de formation. Les équipes nationales continueront à être regroupées, pour leur part, dans des hôtels coûteux. On retiendra que, dans plusieurs de ses interventions, M.Guidoum , comme nombre de ses prédécesseurs, ne s'est pas gêné d'affirmer qu'il ne veut pas être le ministre du football. La suite des évènements nous montre qu'il s'y implique presque comme un président de la FAF, puisque c'est par lui qu'est passé le recrutement de Schnittger et qu'il demande à ce que la nomination d'un entraîneur national se fasse avec son agrément. L'article 50 de la loi 04-10 sur le sport indique que la fédération sportive «exerce ses activités en toute autonomie». Pour ce qui est du recrutement du DTN et de l'entraîneur national de football on ne croit pas que cette «autonomie» se soit exercée à fond.