Douste-Blazy fonde son programme sur un partenariat public-privé. Au moment où la conférence de Winnipeg (Canada) sur la francophonie suscite des remous à cause de l'affaire Abdou Diouf, le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy a présenté, hier, un plan de relance de l'action culturelle de son pays en direction de l'étranger. Ce plan est articulé sur un partenariat renforcé entre les structures étatiques et privées ainsi que sur la mise en place de nouvelles agences ayant pour ambition d'oeuvrer au rayonnement culturel, en général, et à la promotion de la langue à travers son enseignement et son développement, en particulier. Le ministre des AE estime que son pays dispose «d'outils incomparables d'influence et de développement» qui ne seraient pas, selon lui, suffisamment rentabilisés du fait d'une «action» dont «les retombées n'apparaissent pas toujours clairement». Pour y remédier, il prévoit la création d'une agence internationale, Cultures France, déployée sur la base des moyens du ministère des Affaires étrangères et de celui de la Culture. Comme aussi, il instaure un nouvel organisme, Campus France, dont la tâche sera d'accompagner les études supérieures en France, en proposant un «guichet unique» aux étudiants étrangers désireux de postuler à une inscription dans les établissements de l'Hexagone, malgré les innombrables obstacles qui jalonnent le parcours. Désireux de promouvoir l'action française en ce qui concerne les lycées de l'étranger, Philippe Douste-Blazy fonde son programme sur un partenariat public-privé qui aura la redoutable mission de faire germer les futures élites francophones, et d'annoncer que les premiers bastions de cette stratégie seront implantés à Munich, Londres, Tokyo et Le Caire. Il faut cependant relever que le ministre des Affaires étrangères considère que la promotion de la langue française reste dépendante de la formation de plus de 10.000 enseignants pour les seuls pays du Maghreb, auxquels s'ajoutent 10.000 autres pour les autres pays de par le monde. Le maître mot de cette ambitieuse stratégie, annoncée en grande pompe par Philippe Douste-Blazy dans un contexte politique agité, est celui de la «visibilité» de la «Maison France» qui argue de sa solidarité internationale alors même que l'Assemblée nationale, à travers la majorité parlementaire de l'UMP, entérine la loi Sarkozy sur l'immigration jetable. D'ailleurs, le ministre de l'Intérieur qui doit se rendre demain au Mali, doit faire face à la fronde de 21 députés maliens qui ont exigé l'annulation de sa visite, ressentie comme de la «pure provocation». M.Sarkozy, affirment les signataires dépités, est «en ce moment, indésirable», à Bamako, compte tenu de sa politique qui «ne contribue pas au rapprochement des peuples français et malien». Appelant les parlementaires et les citoyens de leur pays à «se mobiliser afin que Nicolas Sarkozy annule son voyage», les initiateurs du communiqué expriment une colère à la mesure du ressentiment de leur communauté qui a encore en mémoire les charters de Charles Pasqua. Entre le discours de Douste-Blazy, énonciateur d'une France humaniste et volontaire qui se soucie de son image de marque dans le monde et principalement au sein de l'opinion publique des pays francophones africains, et celui de Nicolas Sarkozy, axé sur un verrouillage des frontières et un écrémage programmé de l'immigration, il y a forcément une discordance de voix et d'objectifs qui pose problème. A croire que le gouvernement est sujet à une dualité, voire à une ambivalence significative des courants antagonistes qui existent au sein de la majorité parlementaire dont il est issu.