La Cnan n'est pas la seule responsable du naufrage, souligne le collectif de défense. «La direction de la Cnan n'est pas la seule responsable du naufrage du navire Bechar, l'entreprise portuaire d'Alger a également sa part de responsabilité dans cette affaire». C'est ce qu'a affirmé Maître Lazhar, lors de sa plaidoirie, hier, devant la présidente. Contestant la décision du procureur général qui a requis la perpétuité contre les cinq membres de la compagnie de navigation, l'avocat qui représente les accusés, en particulier le P-DG du groupe, est revenu avec détail pour dire que ces derniers sont des «victimes». Le navire, explique-t-il, n'était pas en navigation, il était bien en rade depuis octobre 2004. «Il n'y a aucune preuve qui confirme que le bateau était en navigation. Bien au contraire, ce dernier a été mis à l'arrêt en attendant sa réparation ou sa liquidation», précise l'avocat tout en s'appuyant sur des documents. Me Lazhar ne s'est pas arrêté là, pour prouver l'innocence de son client. La compagnie a lancé un plan de restructuration de sa flotte mais la décision de la vente ou de l'acquisition des navires ne relève pas des prérogatives du premier responsable de l'entreprise. Rappelant que le navire Bechar a été complètement mis à l'arrêt, l'avocat souligne dans le même ordre d'idées, que «le P-DG n'avait pas l'autorité pour trancher la décision de sa vente». De plus, affirme l'avocat, la direction de la Cnan n'était pas responsable de l'emplacement des navires à l'intérieur du port. Maitre Lazhar a tenu, dans son intervention, à mettre en cause l'entreprise du port d'Alger, «laquelle avait donné l'ordre d'aposter le navire en rade». Afin de démontrer que le P-DG de l'entreprise n'a pas failli à ses obligations, l'avocat fait savoir que ce dernier a même établi toutes les procédures pour envoyer le bateau Béchar à Béjaïa pour un contrôle. «Au lieu d'abandonner un navire avec un équipage à bord, affirme maître Lazhar, le P-DG a préféré le réparer et l'exploiter dans les petits trajets». Revenant au drame qui s'est produit ce jour-là, l'avocat a reconduit la thèse de la force majeure, du fait que les services météorologiques n'avaient pas prévu une tempête d'une aussi grande intensité. «Le bulletin de météo spécial est parvenu tôt la matinée précisant que des vents d'une force dépassant les 80 km/h, sont attendus à partir de 19h, alors que la tempête a commencé aux environs de 14h», argumente-t-il. Ces données, poursuit l'avocat, «confirment bel et bien la thèse de la force majeure». Ce dernier reconnaît la part de responsabilité de la Cnan dans cet incident, mais refuse qu'elle soit la seule fautive. «Où sont les gardes-côtes et les agents de l'entreprise portuaire»,s'interroge-t-il en prenant la peine de définir le rôle de la capitainerie. Selon le code maritime, la capitainerie est responsable de la sécurité à l'intérieur du domaine portuaire ainsi que de l'ensemble des activités d'aide à la navigation lors des mouvements de navires dans le port et en rade. La défense a réclamé la libération pure et simple des membres de la direction. Sur la même longueur d'onde, les autres avocats qui se sont succédé à la barre ont également axé leurs plaidoiries sur la force majeure et ont eux aussi, mis en exergue «la responsabilité» de l'entreprise portuaire. «L'entreprise portuaire d'Alger était également responsable de la catastrophe», a déclaré Maître Bouchachi avant de poursuivre que même les gardes-côtes n'ont pas fait leur travail. Enfin, il y a lieu de souligner que le verdict sera connu aujourd'hui.