Le PDG de la CNAN et ses quatre camarades sont innocents. » « Les vrais responsables sont le port et les garde-côtes. » C'est ce qu'ont affirmé les cadres de la compagnie, les syndicalistes et les membres des familles des cinq personnes condamnées lors d'un point de presse animé, hier, à la Maison de la presse Tahar Djaout, à Alger. Condamnés à quinze ans de prison ferme, dans l'affaire du naufrage du navire Béchar et l'échouage du vraquier Batna en novembre 2004, le PDG de la CNAN et ses quatre collègues n'ont, selon les cadres de la compagnie, « aucune responsabilité ». « C'est scandaleux ! Nous sommes outrés. C'est de la hogra », a déclaré à l'adresse des journalistes une responsable du syndicat de la CNAN, qui a préféré garder l'anonymat. Selon elle, la direction de la Compagnie nationale algérienne de navigation (CNAN) « n'est responsable que du transport des marchandises ». « C'est plutôt le port et la CNOSS qui sont responsables de la mort des 16 marins. Aujourd'hui, le nombre de victimes est porté, avec l'emprisonnement de nos camarade, à 21 », a affirmé un autre cadre. Pour appuyer ses dires, ce dernier a précisé que le Béchar « était en rade (en mouillage) » et à la charge de l'autorité portuaire. Le Centre national des opérations de sauvetage et de sécurité (CNOSS), le port et le ministre des Transports n'ont, selon les cadres de la CNAN, rien fait pour sauver les marins victimes. La condamnation des cinq cadres de la compagnie, venue en application de l'article 479 du code maritime, ne devrait pas avoir lieu, car, selon les protestataires du jugement, le navire était non seulement bien équipé, mais en état d'immobilité. « Le juge a condamné le PDG et ses quatre camarades en prenant en considération qu'une seule ligne de l'article 479. Cet article condamne dans le cas où le navire a pris le large et serait mal équipé. Cela ne s'applique pas pour le Béchar », a soutenu notre interlocuteur. En tous cas, les contestataires menacent de démissionner collectivement de la compagnie en guise de contestation contre le jugement. En guise de protestation également, les typhons des bateaux ont été déclenchés durant toute la journée d'hier. Le déclenchement de ces derniers a soulevé l'ire des marins.