Le ministre de l'Industrie, Ahmed Zeghdar, vient d'annoncer le lancement d'un projet de création d'un Office national du foncier industriel (Onfi), doté de «toutes les prérogatives de distribuer le foncier industriel et de gérer les zones industrielles», annonce un communiqué du ministère. a priori, c'est le dossier qui fâche depuis un certain temps et qui fait grincer des dents du côté des investisseurs et autres opérateurs privés. Les lenteurs et les tergiversations qui ont caractérisé le traitement de ce dossier, depuis l'ancien ministre de l'Industrie, Ferhat Aït Ali, sous le gouvernement Djerad, a fini par jeter le discrédit sur les intentions réelles des responsables, à ce sujet. D'ailleurs, les principaux représentants et présidents des organisations patronales, dont Samir Agli du Capc, n'ont pas manqué d'afficher leur désappointement par rapport à la gestion du dossier du foncier agricole. Les représentants du patronat ne se sont pas fait prier pour dire tout le bien qu'ils pensent de la gestion de ce dossier épineux, et décidément, inextricable. Alors qu'on continue d'évoquer des mesures d'incitation et des encouragements à l'investissement privé, porteur de plus-values et de richesses pour le pays, «aucune demande d'assiette de foncier industriel n'a été honorée et les projets d'investissements attendent toujours de voir le jour, depuis plus de deux années», s'interrogent les opérateurs économiques, porteurs de projets d'investissement. Pour nombre d'experts nationaux, ce dossier a généré beaucoup d'anomalies et de complications. C'est l'avis de l'expert international dans la promotion de l'investissement, Mohamed Saïoud, qui estime que «l'Aniref a englouti plus de 2 290 milliards de dinars, soit l'équivalent de 3 milliards de dollars. De quoi construire quelque 50 000 hangars de 1 000 m² chacun». Pour cet expert aguerri, «il nous faut construire des zones industrielles clé en main. La solution, c'est de créer la demande... Il faut encourager la création des entreprises génératrices de biens et de richesses. Il n'est pas possible de continuer à reproduire les mêmes schémas d'antan», dira-t-il, mettant en garde contre la persistance des réflexes bureaucratiques, à même de bloquer ou de ralentir la relance de l'investissement. Pourtant, selon des statistiques officielles, le secteur privé emploie près de 7 millions de travailleurs algériens, soit 63% de l'ensemble des travailleurs, contre 4,09% pour le secteur public, annonce l'ONS. Alors que le taux de chômage est en hausse pour différentes raisons, notamment la double crise économique et sanitaire, l'Algérie gagnerait à relancer rapidement les activités d'investissements économiques, en partant en guerre contre les lenteurs, les complications bureaucratiques et administratives, etc. Il y a lieu de rappeler, que le ministre de l'Industrie, en battant le rappel de ses directions transversales et celles déconcentrées, a mis l'accent sur la nécessité de «consentir davantage d'efforts visant à accompagner les investisseurs et les porteurs de projets et à aplanir les difficultés auxquelles ils se heurtent dans la concrétisation de leurs projets», note le communiqué du ministère de l'Industrie. Conformément aux orientations du président de la République, un inventaire exhaustif du foncier industriel est en passe d'être réalisé par les services déconcentrés du ministère. «Le ministre a jugé primordial de numériser l'ensemble des procédures et d'adopter des systèmes d'information transparents et efficaces pour faciliter les transactions et gagner la confiance du citoyen», a-t-il enjoint à ses subalternes, en vue de «simplifier les procédures et de gagner la confiance des citoyens». Reste à savoir si ce projet de création d'un nouvel office du foncier industriel, sera entamé rapidement, ou si le dossier risque encore de traîner de long en large, comme c'est le cas pour de nombreux dossiers dans le secteur.