La réunion ministérielle des pays voisins de la Libye a pris fin, hier, après d'intenses consultations et discussions au sujet des solutions et mécanismes de sortie de crise. Preuve de l'importance accordée par les hautes autorités algériennes au dossier libyen, la réception des minis-tres et participants par le président Tebboune qui a réitéré l'engagement de l'Algérie d'accompagner ce pays voisin à recouvrir sa souveraineté et sa stabilité. Il a affirmé que «les pays voisins de la Libye sont les plus soucieux de la stabilité dans ce pays, car l'instabilité les impacterait de manière directe». «Nous voulons que la Libye retrouve la place qui lui sied parmi les pays maghrébins, africains et arabes», a-t-il ajouté. «De par sa position géographique et au vu de tous les moyens humains et économiques qu'elle recèle, la Libye peut s'ériger en pays influent dans le Bassin méditerranéen, mais aussi au Maghreb arabe», a soutenu le président de la République. Après avoir remercié les délégations ayant pris part à la réunion ministérielle abritée par l'Algérie, le président Tebboune a souligné que «cet acquis est d'autant plus important que tous les pays voisins de la Libye se sont réunis pour la première». Il a exprimé son souhait de voir cette réunion «augurer un nouveau départ pour le règlement de la cause libyenne complexe, en réponse aux aspirations du peuple libyen frère qui passe par des circonstances très difficiles». Au terme de l'audience, les délégations étrangères se sont réunies autour du président de la République pour la traditionnelle photo de famille. L'engagement du président a été également soulevé par le chef de la diplomatie algérienne Ramtane Lamamra qui a mis en avant l'engagement de l'Algérie à soutenir la Libye, en vue du «recouvrement de sa souveraineté et d'asseoir son autorité sur son territoire». Parmi les grandes résolutions de cette réunion, on citera «l'engagement vis-à-vis des résolutions du congrès de Berlin2, le refus catégorique de toutes formes d'ingérence dans les affaires de la Libye, le retrait inconditionnel et urgent des forces étrangères et des mercenaires du territoire libyen, l'implication des pays voisins de la Libye et la coordination avec la Commission militaire des pays des 5+5 dans ce retrait, garantir la coordination efficace entre l'ONU et l'UA dans ce domaine, éviter la multiplication des médiations concurrentes, afin d'assurer une meilleure efficacité, soutenir les efforts en vue de la tenue, dans les plus brefs délais du congrès de la réconciliation nationale en Libye, etc...». Lamamra a estimé que cette réunion «constitue une plus-value, qui va se traduire dans les prochaines semaines et mois à venir, à travers des résultats positifs sur le terrain», dira-t-il, estimant que «nous sommes là pour accompagner et apporter l'aide au peuple libyen, qui doit exercer son droit dans l'édification de sa nation». Pour le chef de la diplomatie algérienne, «la voix de la Libye doit être entendue et appuyée». D'un ton nuancé, le ministre des Affaires étrangères algérien a estimé que «le rôle des pays du voisinage ne doit pas être sous-estimé, du fait de notre influence grandissante». Le président de la réunion ministérielle des pays voisins de la Libye a également insisté sur l'esprit solidaire qui a prévalu, tout au long du déroulement de ces travaux. Il estimera, par ailleurs, que «cette réunion est différente des autres, notamment du fait de ses résolutions, les fondamentaux et les principes sur lesquels doit s'appuyer la communauté internationale, en conformité avec les résolutions internationales». Au sujet des engagements des pays voisins, il dira que «en tant que voisins et groupe déterminant, nous avons un travail permanent et non saisonnier, constant et engagé à accomplir vis-à-vis du peuple libyen». Paraphrasant le président de la République Abdelmadjid Tebboune, il dira en substance: «L'Algérie est à la disposition de la Libye.» Pour la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Mangoush qui a remercié l'Algérie et le président Tebboune pour ce soutien indéfectible à son pays, «cette réunion a été très positive». Elle fera également état d'accords au sujet de la relance de l'accord quadripartite de sécurisation des frontières, entre les quatre pays voisins de la Libye, dont le Tchad, le Soudan et le Niger, paraphé en 2018 et jamais mis en exécution. Elle annoncera également l'initiative de paix lancée par le gouvernement d'union nationale, prévue pour la dernière semaine de septembre ou le début du mois d'octobre prochain. Au sujet de la réunion des conditions optimales pour le déroulement des élections, elle fera état d'un plan de protection et de sécurisation des élections, élaboré et présenté par le gouvernement d'union nationale. Répondant aux questions des journalistes, Ramtane Lamamra a estimé que «conformément aux résolutions du congrès de Berlin 2, la présence des puissances étrangères en Libye entrave les efforts de paix et de stabilité». Au sujet du retrait des forces armées et des mercenaires, Lamamra annonce sans ambages, que «nous devons savoir où ils vont aller? Nous devons être associés dans l'opération pour contrôler le retrait de ces groupes... Nous devons instaurer des mécanismes clairs à ce sujet». Pour Najla Mangoush: «Nous accomplissons notre devoir, face à beaucoup de défis sécuritaires et économiques... il faut qu'il y ait une certaine stabilité pour asseoir la légitimité recherchée et la réconciliation reste un processus de longue haleine», dira-t-elle, ajoutant que «la sécurité est essentielle et névralgique pour les pays voisins de la Libye». Des propos qui seront appuyés par Lamamra qui rétorquera que «la sortie de crise comporte également le passage vers une étape de réconciliation nationale. C'est une base incontournable», dira-t-il, en réitérant la disposition de l'Algérie quant à «faire bénéficier la Libye de notre expérience». Au sujet de l'introduction de l'entité sioniste au sein de l'OUA, Lamamra a mis en garde contre une éventuelle atteinte à l'unité des rangs au sein de l'Union africaine.