Nous ne cesserons jamais de le rappeler, chaque fois que l'occasion se présente, les magistrats du siège, ne bossent pas tous les jours. C'est ainsi et pas autrement. Assurer un jugement équitable durant l'audience est déjà une vraie prouesse. Lorsque nous vous dirons que dans les grandes cours et tribunaux, il y a des rôles «pas possibles», avec plus de 100 dossiers, par semaine, à examiner, il y a de quoi siffloter d'admiration ou de... désarroi! Les parquetiers et les juges d'instruction, oui. Sinon, la justice fonctionne très bien parce que les vaillants greffiers, qui savent ce que représente la justice dans le pays, sont sur le qui-vive! Dans les dégâts collatéraux, relevons la gymnastique des avocatsà à laquelle ils se livrent chaque jour d'audience, lorsque deux dossiers les attendent, dans deux juridictions éloignées l'une de l'autre de quelques encablures. Sans oublier, qu'une fois sur place, il faudra bien au plaideur de garer, lorsque la chance sourit et permet à la «robe noire», de dégotter une place dans le périmètre de ladite juridiction. Or, ce ne fut pas toujours le cas de bons, voire, d'excellents et incomparables juges et procureurs. Ils ont tronqué, à contrecoeur, sûrement, la «noble robe noire» des magistrats, pour l'autre «aussi noble robe noire», celle des avocats! Ainsi, va la vie quotidienne des magistrats qui ont été formés pour écouter les suspects, avant de frapper, les coupables. Pourtant, il est arrivé qu'un magistrat soit suspendu, sans être entendu, écouté, et défendu par qui de droit! Ce même magistrat connaîtra les affres de l'humiliation, de la honte, du déshonneur, avant d'être passé sous la moulinette de la «criminelle», et, souvent, acquitté, bizarrement car, ceux qui ont décidé de l'anéantir, seront satisfaits de la terrible vengeance, longtemps ruminée! Nous nous rappelons ce président de chambre qui a refusé de tendre la main, en plein monde, réuni dans la salle des «pas perdus» de la cour, au procureur général, qualifié par ce courageux magistrat, de «parvenu analphabète». La réplique fut immédiate, calculée et assassine. Durant six longues années, le malheureux magistrat connut trois procès en criminelle, trois auditions au ministère de la Justice et une autre devant le conseil de discipline, qui l'acquitta, mettant fin au calvaire. L'heureux se confiera, aux collègues: «Finalement, ces misères me permirent de m'occuper des mes deux garçons, qui ont très bien réussi dans leur scolarité!».