Trois «oiseaux» ont été pris pour un vol à l'arraché. Le tribunal a, semble-t-il, lâché du lest avec l'espoir que c'était là le premier et le dernier délit. Billel, Djallil et Chenoun sont trois jeunes égarés qui sont poursuivis pour vol à l'arraché d'un portable, durement ressenti par la victime, qui a refusé de pardonner, car le méfait s'est produit du côté de Bouzaréah et les inculpés résident à Bologhine. Me Tahar Boughaba a balancé une détaillée plaidoirie où il a fermement défendu son client qui a eu le malheur de prendre deux jeunes en auto-stop et de connaître depuis, des désagréments. Une pluie de tuiles allait chuter sur le mental du détenu-bienfaiteur vis-à-vis de copains de quartier et qui se voit, aujourd'hui, être poursuivi de complicité de vol! Et le conseil de poursuivre: «Mon client habite dans le même quartier que les deux codétenus, qui n'avaient montré aucun signe de panique, surtout que des deux inculpés, ce n'était pas Billel seul qui a commis le vol mais son compagnon qui a reconnu lui aussi avoir commis le méfait, tout comme le premier. Il avait aussi rappelé que ces jeunes ignoraient la suite à donner en commettant ce forfait. Me Abdelhamid Mounib, son jeune confrère, suit à la trace les arguments de la défense. Et son client Billel a dû apprécier ce que lui, l'inculpé, n'a jamais déclaré durant la présentation. L'avocat de Zéralda a su retenir l'attention du représentant du ministère public qui a tendance souvent à vite répliquer lorsque «la réputation» du parquet est égratignée. Cette fois, le beau parquetier a su se retenir et ne point répliquer. Tant mieux pour le président de l'audience qui n'aime pas que le tribunal perde son temps dans les «petitesses»! Mourad Belalta, le jeune juge, a été très tolérant devant l'insistance des deux avocats qui sont intervenus chacun à sa manière du fait que chaque robe noire étant issue d'une génération bien distincte. Et ces mêmes deux avocats n'ont pas cligné des yeux au moment où la victime avait dit non à la question du magistrat du siège, relativement au passage de l'éponge sur le délit. Avec la tête, les épaules et les lèvres, elle a dit: «Non, monsieur le président, je ne veux pas pardonner leur geste, car j'étais seul et eux trois. «Hagrouni». Je suis déterminé à les voir frappés par la peur du verdict comme j'ai eu une forte trouille au moment où ils m'ont attaqué, sans mesurer l'impact de leur méfait!» Belalta passa la langue sur ses lèvres épaisses et le peu de cheveux qui lui reste sur le crâne déjà garni sur une grande échelle, se mit à danser la samba. Ce geste voulait probablement signifier en termes judiciaires: «Attendez un peu, le désistement de la victime n'éteindra jamais l'action publique. La justice suit son cours, car elle a le bras long!». Il faut insister sur l'ambiance à la barre, surtout que les trois inculpés ont beaucoup balbutié, tout primaires qu'ils étaient même si la peur affichée sur leur mine faisait croire à l'assistance qu'ils étaient de dangereux criminels. Oui, l'article 350 du Code pénal est très bien épicé, salé jusqu'à l'amertume au goût et même à l'odorat. Le vol, quelle que soit sa nature, demeure une délit combattu par la loi et certains avocats réfléchissent longtemps avant d'accepter de prendre en main l'affaire avec la crainte de ne pas dépasser l'octroi des circonstances atténuantes si par bonheur, elles existaient... Avec les dures demandes de Fouad Guerras, le jeune procureur - trois ans ferme - le juge du siège a préféré mettre le dossier en examen sous huitaine avec le secret espoir de voir, du point de vue des plaideurs, que l'indulgence du magistrat du siège, puisse être au rendez-vous et voir le trio de jeunes abrutis revenus à la maison et se tenir dorénavant à carreau, car si jamais ils étaient récidivistes, ils n'auraient plus affaire avec le flagrant délit et comparaître devant le procureur, mais plutôt avec la comparution immédiate face à un juge du siège qui pourrait être Samira Belalta, Abdelhamid Bourezg ou encore ô comble de la coïncidence, Mourad Belalta, celui-là même qui aura fait preuve d'indulgence dans ce dossier.. Qu'Allah n'en déplaise...