Au lendemain du message adressé à Bouteflika, Yasser Arafat dépêche un envoyé spécial à Alger. Reçu avant-hier par le Président de la République, l'envoyé spécial de Yasser Arafat, M. Hakem Belaoui, a clairement reconnu le rôle que pourrait jouer Bouteflika dans le conflit du Moyen-Orient. Dans une déclaration à la presse à l'issue de son entretien avec le chef de l'Etat, Belaoui a, d'entrée, salué les positions de l'Algérie qui «vont dans le sens du recouvrement des droits nationaux du peuple palestinien, de la levée du blocus et de l'instauration d'une paix durable à travers un Etat palestinien indépendant avec El-Qods comme capitale». Cela dit, ce qui motive l'initiative palestinienne, c'est que Bouteflika «est très au fait de la question palestinienne et du contexte international actuel». Partant, l'envoyé spécial de Arafat affiche sa conviction quant à l'apport de l'Algérie pour «instaurer la paix et mettre un terme aux agressions sauvages contre le peuple palestinien». Hakem Belaoui annonce, par ailleurs, «la disponibilité de l'Autorité palestinienne à négocier pour instaurer la paix et recouvrer les droits légitimes des palestiniens». Au-delà du discours diplomatique, il convient de préciser que l'association de l'Algérie à la recherche d'une solution juste au Proche-Orient ne date pas d'hier. Lors de la visite de Bouteflika à Washington, à l'invitation de George W.Bush, ce dernier avait, rappelons-le, demandé à son homologue algérien de «l'aider sur le dossier palestinien». C'est dire que la médiation algérienne qui était déjà dans l'air et s'est quelque peu esquissée à travers les réactions officielles plutôt prudentes et mesurées vis-à-vis des graves développements enregistrés sur la scène moyen-orientale, se confirme de plus en plus. En s'engageant solennellement à opter pour la voie de la négociation, les Palestiniens semblent avoir fait leur choix en la personne de Bouteflika, le sachant constant sur la question de leurs principales revendications. Ayant déjà eu les quitus américain et européen, le Président de la République est parti pour jouer un rôle central dans le processus de paix au Proche-Orient. Par ailleurs, même si la démarche de Arafat semble dictée par un souci de trouver coûte que coûte un intermédiaire aux fins de débloquer une situation explosive, il n'en demeure pas moins que le choix de la personnalité est loin d'être fortuit selon certains observateurs qui soutiennent que la complexité du dossier exige un apport de sang neuf, sur le plan diplomatique. Les diplomates algériens qui ont, à plusieurs reprises, montré leur don de fins négociateurs, auront à convaincre les deux parties, Palestiniens et Israéliens, à revenir à la table des négociations. Reste à connaître la position de l'Etat hébreu sur la proposition de médiation euro-américano-palestinienne. A ce sujet, sachant l'empressement «quasi maladif» des Israéliens à tisser des relations avec l'Algérie, il n'est pas exclu que Sharon donne son accord à une médiation sous la direction de Bouteflika. En fait, plusieurs facteurs concourent à la réussite de l'entrée en lice de l'Algérie dans l'un des plus vieux conflits du monde moderne.