Les visites les meilleures sont les plus longues, sinon comment expliquer la décision inattendue du président Hugo Chavez de prolonger son séjour en Algérie? Son hôte, le chef de l'Etat algérien a dû entamer avec lui une discussion à bâtons rompus aussi bien sur les questions internationales que sur le volet de la coopération bilatérale. En volume, les échanges économiques entre l'Algérie et le Venezuela ne dépassent pas les 30 millions de dollars, mais en termes stratégiques, les relations personnelles chaleureuses entre les deux présidents sont un facteur qui leur permet d'être actifs et influents au sein de l'Opep, dit groupe des 15 ou du Mouvement des non-alignés. Très souvent, ce genre de relations peuvent être le moteur qui peut tirer vers l'avant et dynamiser des ensembles plus vastes. Même si sur de nombreux dossiers la démarche et l'approche des deux hommes sont différentes, et même si le style de chacun tranche nettement, il ne fait aucun doute, au vu de la proximité humaine entre eux, que les points communs ne tardent pas à se manifester. Abdelaziz Bouteflika garde de la période boumedieniste une sorte de credo tiers-mondiste qui ne manque pas de plaire au président Hugo Chavez, qui lui, est franchement tiers mondiste, en ce début de troisième millénaire, allant jusqu'à prôner une coopération sud-sud tous azimuts. «Il y a une amitié profonde entre nos deux peuples ; entre Bouteflika et moi, un ensemble d'éléments concrets de travail, nous sommes ensemble dans l'Opep, dans le groupe des 15, et au niveau bilatéral, nous sommes en train de renforcer cette relation qui, sans aucun doute, est stratégique, dépasse nos deux pays et embrasse toute l'Afrique et l'Amérique latine». Au niveau international, Hugo Chavez est beaucoup plus proche de José Bové, qui détruit les champs de soja génétiquement modifié, et de la fille de Che Guevara que de George Bush, alors que le président Bouteflika, qui ne manque pas un 8 mars de jeter des fleurs à la trotskiste Louisa Hanoune, sait avoir une approche, plus pragmatique et prenant en compte la réalpolitik et les données des équilibres internationaux, même si sur certains sujets, il peut se montrer intransigeant : Palestine, Sahara occidental. Ce sont sans doute ces différences, voire parfois ces nuances entre les deux chefs d'Etat qui leur permettent de jeter des passerelles, ou des ponts pour reprendre une expression employée dans le communiqué commun. Ce dernier relève que la visite en Algérie du président Hugo Chavez Frias a permis la signature de deux accords bilatéraux ; l'accord de coopération dans le domaine du transport maritime et le protocole d'entente entre l'Institut diplomatique et des relations internationales (IDRI) et l'Institut vénézuélien des hautes études diplomatiques ; les deux présidents, pouvons nous également y lire, ont convenu de la nécessité de prendre en charge les domaines d'intérêt commun dans le cadre mixte intergouvernemental. Mais c'est surtout la coopération dans le domaine des hydrocarbures et la concertation au sein de l'Opep, en vue de contribuer à la stabilité des prix, qui constituent la pierre angulaire des relations bilatérales, d'autant plus , pouvons-nous relever dans le communiqué commun, de hisser les relations économiques et commerciales au niveau des relations politiques, à travers la création d'un conseil mixte d'affaires et l'échange de délégations dans les secteurs public et privé. Ils en ont profité pour passer en revue et identifier les opportunités réelles de coopération et d'échanges existant entre l'Algérie et le Venezuela, notamment dans le domaine de la culture, de la science et de la technologie et de l'environnement et ont convenu de mobiliser leurs capacités à cet effet.