Les conclusions de la réunion des pays voisins de la Libye à Alger ont été passées en revue à Tripoli, à la faveur d'une réunion regroupant la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush et le chef de la Mission de soutien des Nations unies en Libye (MANUL), Jan Kubis avec des responsables libyens dont le vice-ministre aux Affaires politiques au ministère des Affaires étrangères, Muhammad Khalil Issa. Ils se sont penchés sur les derniers développements et les efforts consentis pour une sortie de crise et l'organisation des élections du 24 décembre prochain. Ont été évoquées l'initiative de stabilisation de la Libye et la préparation d' une conférence internationale, début octobre prochain, «comme première initiative purement libyenne visant à mettre en place des mécanismes pratiques pour mettre en oeuvre les conclusions des conférences de Berlin 1 et 2 et aboutir aux prochaines élections». Au cours de cette rencontre, le vice-président du Conseil présidentiel libyen, Moussa Al Kouni a souligné l'urgence du retrait des combattants étrangers, «démarche à même de sécuriser les frontières sud de la Libye avec les pays voisins et d'établir un partenariat pour la maîtrise des flux migratoires, l'interdiction de la contrebande et de l'infiltration des groupes criminels». En annonçant, lundi soir, le lancement officiel de la réconciliation nationale globale en Libye, le président du Conseil présidentiel Mohamed Al-Manfi, a signifié par-là même un coup d'accélérateur au processus de sortie de crise tel qu'il résulte de la feuille de route adoptée par le Forum de dialogue politique inter-libyen à Tunis et le comité militaire mixte 5+5 à Genève, en 2020. Dans un communiqué, sur sa page Facebook, Al-Manfi «a félicité le peuple libyen à cette occasion, saluant tous les efforts qui ont été faits pour parvenir à la réconciliation qui marque son aboutissement, avec la libération des prisonniers arrêtés dans diverses affaires, et contre lesquels des décisions judiciaires ont été rendues». Le président du Conseil présidentiel a estimé, à cette occasion, que toutes «les décisions qui ont été prises n'auraient pas été prises sans le désir réel et sérieux du peuple libyen de tourner les pages douloureuses du passé, surmonter les divergences, renoncer à la division, arrêter l'effusion de sang et mettre fin à leurs souffrances». Al-Manfi voit dans les premiers pas de la réconciliation nationale une grande opportunité pour l'ensemble des Libyens de transcender les différends, tournant la page d'un passé douloureux, et de s'engager fermement sur la voie d'un Etat de droit et de pleine citoyenneté. Il est temps, a-t-il exhorté, de «construire une seule nation, sur laquelle flotte le drapeau de la paix». A environ trois mois de la tenue des élections du 24 décembre prochain, annoncées par le FDPL, presque en même temps que l'accord de cessez-le-feu arrêté le 25 octobre 2020 par le comité militaire mixte 5+5, les autorités libyennes soutenues par les Nations unies à travers sa Mission d'appui (Manul) semblent déterminées à mener la barque à bon port, malgré certaines incertitudes parmi lesquelles la question dominante concerne le retrait des mercenaires et forces étrangères en Libye. Après des semaines durant lesquelles les pressions internationales ont été vives, pour obtenir ce retrait, on constate un inquiétant statu quo qui n'est pas pour garantir le couronnement tant espéré du processus de sortie de crise. Outre les mercenaires du groupe Wagner (entre 800 et 2000, selon les estimations onusiennes), il y a quelque 2000 Syriens et plus de 11 000 Soudanais et Tchadiens qui renforcent l'Armée nationale libyenne autoproclamée du maréchal Haftar. Côté Tripoli, outre le contingent turc venu dans le cadre d'un accord signé par Fayez al Serraj avec Ankara, à raison de 1500 combattants officiellement chargés de la formation des milices de Tripoli, il y aurait quelque 13 000 Syriens, transfuges de l'Armée nationale syrienne (ANS) rebelle qui, après avoir combattu les forces armées syriennes, prêtent main forte à la présence turque en Libye. Au total, le nombre de 20 000 avancé par l'ONU pourrait être légèrement supérieur mais le problème n'en sera pas différent pour autant. Cela, les dirigeants libyens le savent mieux que quiconque: la solution est entre leurs mains et la paix et la réconciliation en sont les conditions premières, afin de gagner le pari des élections seules à même de restaurer la sécurité et la souveraineté du peuple libyen, par et pour lui-même.