Depuis samedi dernier, l'Algérie s'est lancée dans «un big challenge». Celui de vacciner des millions de personnes en une semaine. L'armée, les services de sécurité, la Protection civile, les institutions de l'Etat, les médecins privés, les pharmaciens et les médias ont été impliqués dans l'opération. Une mobilisation générale pour cette campagne de l'immunisation. Des bus de l'Etusa ont même été transformés en vaccinodromes mobiles pour sillonner les villages et les quartiers les plus reculés du pays. Mais presque une semaine après son lancement, cette campagne ne semble pas avoir obtenu les résultats escomptés. De l'aveu même du directeur général de l'institut Pasteur d'Algérie (IPA) elle... patine! Fawzi Derrar assure que les chiffres de la vaccination, cette semaine différent d'une région à l'autre. «Mais globalement elle n'est pas au niveau requis», a-t-il soutenu dans une déclaration à la Radio nationale, mardi dernier. Il assure qu'un peu plus de 8,3 millions de personnes ont été vaccinées dans le pays, alors que quelques jours avant le début de la campagne, ils étaient 7, 4 millions d'Algériens à avoir franchi le pas. Retard dans le lancement... Ce qui fait que moins d'un million de personnes ont été vaccinées durant ces six derniers jours. Cela reste très faible, au vu des objectifs tracés et surtout des moyens mis en place pour la réussite de cette opération. Qu'est-ce qui a donc fait défaut? De l'avis des observateurs les plus avertis, il y a eu une grande faille dans la communication mise en place par le ministère de la Santé. Plusieurs jours après son lancement, de nombreux Algériens ne sont encore pas au courant de l'existence de cette semaine de vaccination et encore moins des centres les plus proches d'eux. Une image résume parfaitement cette défaillance. Dans certaines communes du pays, ce n'est que le jour J que les affiches de sensibilisation à cette semaine de vaccination ont été collées. On a pu voir dans la matinée de samedi dernier, des agents communaux en train de presser le pas pour accrocher un peu partout ces «flayers». Au-delà du fait que le message est flou, n'aurait-il pas été judicieux de les dépoyer plusieurs jours avant le début de ce défi? De plus, on aurait pu «espérer» que les Algériens soient «bombardés» pendant plusieurs semaines par des messages de sensibilisation à la vaccination, avant qu'ils aillent à cette «méga-opération». Surtout que cela fait plus d'un mois qu'elle a été ordonnée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Faire du «big day» un défi sur les réseaux sociaux Il faut également avouer que le plan de communication mis en place par le ministère est très «classique». Il aurait été parfait il y a... 20 ans. Mais aujourd'hui, nous sommes à l'époque de l'Internet et des réseaux sociaux. Ce n'est pas en diffusant des vidéos sur la Toile que l'on va inciter des jeunes, ultraconnectés, à aller se faire vacciner. Certes, il y a eu l'implication de certaines pages «influentes» comme Info trafic Algérie, mais leur impact digital a été faible. Pourquoi n'avoir pas essayé d'impliquer des «influenceurs», dans cette opération? Que l'on aime ou pas, ils sont devenus des médias à très forte attraction. Ils ont leurs communautés qui comptent des milliers, voire des millions de personnes. Ils sont sous leur influence, scrutent leurs faits et gestes et font tout pour leur ressembler. On a pu le constater lors de la 3e vague de Covid-19 comment la campagne de solidarité a «décollé» en quelques jours, après avoir été prise sous les ailes de Numidia Lazoul et ses copines «instgrameusses». Elles auraient certainement permis de «booster» les choses. Surtout en ce qui concerne le «Big day» du 11 septembre, où l'on est censé atteindre un record national de vaccination en une seule journée. Dans le monde d'Instagram, Tik-Tok, Snaptchat... les défis, sont à la mode. On aurait pu rendre «in» le «Big day» en le transformant en ce genre de défi avec le parrainage des influenceurs. Ce qui aurait fait de la vaccination un geste à la «mode», où l'on partage sa photo sur les réseaux sociaux comme le font les jeunes dans les restaurants ou autres lieux de loisirs fréquentés par les stars du Web. De nombreuses autres choses auraient pu être faites pour une meilleure «attractivité» du vaccin. Car, il faut reconnaître que nombre de citoyens hésitent encore à recevoir leurs doses, principalement à cause des «fake news» qui circulent sur la blogosphère. Nous avons l'avantage de ne pas avoir un réel mouvement «anti-vax» dans le pays. Il s'agit plus de citoyens «perdus» dans des informations et contre-informations qu'ils reçoivent à longueur de journée. On doit donc les rassurer, à travers les canaux de communication qu'ils affectionnent le plus. La campagne a été prolongée d'une semaine. Ce n'est donc pas encore trop tard pour agir. On est devant un sujet trop sérieux pour se contenter du... «folklore».