La gestion du territoire est au centre de toutes les réflexions et des renouveaux de par le monde. L'Expression: Pour ce qui est de la nouvelle loi sur les collectivités locales, pensez-vous que le problème de l'action de l'élu local réside dans les textes de lois, ou plutôt la problématique est beaucoup plus globale, et touche aussi cette incapacité des élus à trouver la formule magique dans la gestion des affaires publiques, notamment à travers l'innovation, la créativité, l'ingéniosité, etc.? Allel Bouteldja: Le projet de loi des collectivités locales, communales et de wilaya, n'a pas encore été exposé devant le Conseil des ministres... Il y a eu l'adoption du projet d'ordonnance modifiant certaines dispositions du Code communal, notamment dans ses aspects liés au président de l'Assemblée populaire communale et ses adjoints, afin d'harmoniser le Code communal avec la nouvelle loi électorale... L'article 65 du Code communal 10/11, donnait la présidence de l'APC aux têtes de listes, aujourd'hui, c'est un nouveau mode électoral avec la liste ouverte. Il fallait donc actualiser ces dispositions pour les harmoniser avec la Constitution. D'un autre côté, nous attendons que la nouvelle loi sur les collectivités locales soit présentée devant le Parlement, pour qu'elle soit débattue et enrichie: Personnellement, j'attends que la nouvelle loi clarifie cette approche réelle des pouvoirs publics au sujet de cette entreprise-cellule de l'Etat, dans le cadre de ces nouvelles dispositions. Je pense aussi, que c'est une question de système hérité, dont des aspects organisationnel et législatif, avec des manquements et des limites. l'Assemblée populaire communale a perdu de sa verve, surtout avec la période difficile traversée par le pays à cette époque. Il y a eu ces assemblées provisoires désignées, ce qui a lourdement pesé dans l'échiquier. Depuis cette époque à aujourd'hui, la situation s'est stabilisée, mais l'Assemblée populaire communale, APC, reste loin de ses prérogatives essentielles, la prise en charge des préoccupations des citoyens, etc. Aujourd'hui, nous devons recouvrir ces prérogatives de l'APC de 1967, qui avait le pouvoir territorial de son président P/APC, avec de nouvelles conditions pour les prétendants aux postes à la tête de la commune et leurs successeurs... Aujourd'hui, les choses ont changé, un PAPC est avant tout un gestionnaire par excellence, avec un certain niveau, avec une vision prospective globale... Ne pensez-vous pas que la réforme des lois sur les collectivités territoriales, nécessite davantage une réflexion beaucoup plus large et exhaustive, étant donné que le monde a changé et la société algérienne a subi des mutations profondes, sur fond de grandes évolutions dans les technologies de communication et du savoir, incluant un recours au concept de la démocratie participative, de l'innovation sociale et managériale, etc.? Nous sommes en retard, c'est vrai. Mais ce n'est pas spécifique au seul secteur des collectivités locales... Mais quand on parle de numérisation et de modernisation des collectivités locales, le secteur est en avance par rapport à d'autres secteurs, comme les impôts, les domaines de l'état, le cadastre, la conservation foncière, les banques... C'est vrai, aujourd'hui, la nouvelle approche devrait inclure l'ensemble des énergies et potentiels... Aussi, si on parle d'une commune développée, on doit aborder la loi sur la fiscalité communale, qui doit subir de profondes réformes, afin de réajuster le mode de financement des communes. Cela, pour sortir de cette logique de communes extra-riches et communes extra-pauvres. Aujourd'hui, si on veut réformer foncièrement le secteur des collectivités locales, cela va nous demander un temps précieux. Seulement, on peut procéder par étapes transitoires, à travers lesquelles on actualise l'arsenal législatif et rectifier les modes de gestion. Seulement, on doit aussi se pencher sérieusement sur les profils et les aptitudes des candidats aux assemblées locales. Pratiquer ou exercer la politique est un droit constitutionnel, mais quand il s'agit de la gestion d'une assemblée locale, on doit se focaliser sur les paramètres minimas essentiels. Il est vrai que nous avons hérité de schémas organisationnels d'autres pays, contrairement à nos PAPC, qui gèrent une multitude de volets, dont le budget et sont donc ordonnateurs, gèrent l'immobilier et le foncier, l'urbanisme, la vie socioprofessionnelle des travailleurs communaux. Il est responsable des contrats publics, de la création de la richesse, de la santé publique, responsable de l'AEP, etc... Tout cela a besoin d'un arsenal de lois et de compétences dans le cadre d'une vision globale rénovée et actualisée. Par contre, il convient de dire que nous oublions souvent de parler des autres intervenants, dont les walis et les chefs de daïra... Vous étiez président d'une Assemblée communale dans l'Algérois, vous n'aviez surtout pas les prérogatives et la possibilité d'exprimer votre vision des choses et vos contributions. Aujourd'hui, vous êtes député à l'Assemblée populaire nationale et vous avez la possibilité de faire part de cette nouvelle approche... Je suis membre de la commission des finances à l'APN et donc, j'ai la possibilité d'enrichir les débats et faire des propositions, si la loi venait à être présentée cette année. Mais, soyez rassuré et sûr que je ne manquerais pas de faire part de mes propositions à ce sujet. En toute modestie, je pense que toutes ces propositions pourront contribuer à l'amélioration de la situation. Ce ne sont pas des propos dirigés contre une personne, ou des agressions à l'encontre de certaines autres. C'est notre pays et nous sommes responsables.