Le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire (MICLAT) réunira ce jeudi les présidents des 1.541 communes du pays pour leur rappeler leurs prérogatives et les assurer d'en avoir d'autres plus larges. Ce n'est pas la première fois que Nouredine Bedoui s'adresse aux maires. Il le fait souvent lorsqu'il se déplace à travers les différentes wilayas. Il a dû cependant, remarquer que la priorité que se fixent les PAPC (présidents des Assemblées populaires communales) est celle de mobiliser troupes folkloriques, fantasia et petites filles ramenées très tôt, qu'il pleuve ou qu'il vente, pour lui donner des dattes et du lait et lui offrir des bouquets de fleurs dans des contrées où aucune herbe ne pousse. Ce rituel «officiel» prend un temps fou pour qu'enfin les responsables locaux passent aux «choses sérieuses». En fait, le temps est le pire ennemi des Algériens. C'est pratiquement une seconde nature pour les autorités que de se perdre en conjectures face à des urgences qui ne nécessitent pourtant pas de moyens colossaux pour leur trouver des solutions appropriées. Durant ses nombreuses sorties à travers le territoire national, le ministre de l'Intérieur a affirmé qu'un grand nombre de lois sont en train d'être révisées ou carrément en phase de finalisation, conformément à la Constitution. La charte pour la démocratie participative est cette nouveauté qui laisse Bedoui un peu rêver à l'association du citoyen dans la gestion des affaires de sa commune. L'on se demande que pourrait apporter de nouveau ou d'efficace cette participation des citoyens face à des comportements laxistes de la grande majorité des élus. Le laisser-aller de la commune est patent, criant. Bedoui devra faire un saut à la nouvelle ville de Sidi Abdellah, à une dizaine de km d'Alger, pour voir que la commune «moderne», dont il fait un point d'honneur, n'est qu'une illusion. «Cyber parc» est la plaque signalétique qui permet de rejoindre Sidi Abdellah, à l'ouest de la capitale. Ces villes affreuses, sales et méchantes Un alignement affreux d'immeubles comme à Ali Mendjeli, la ville qui élargit Constantine au-delà de ses frontières. Une ville sans âme, sans règlement, tant elle se décline en une multitude de logements cubiques, laids, pas un brin d'esthétique, construits sous la pression d'une demande en constante augmentation, encouragée par un discours populiste battant la mesure d'appétences démesurées pour la préservation des pouvoirs. Sidi Abdellah n'a rien d'une ville moderne. Comme Ali Mendjeli, elle a tout pour être une méchante plaie urbanistique. Des commerces se sont empressés de s'installer sous les immeubles et pourrir le paysage par l'abandon de leurs cartons et emballages sur les larges trottoirs nouvellement réalisés. La grande avenue qui s'offre en entrée à la nouvelle ville est déjà sale avant même que la cité n'est fait peupler tous ses immeubles. Les quelques plantes vertes, rosiers et fleurs, qui longent les abords des trottoirs sont piétinées par les humains et dissimulées par les détritus qui jonchent les espaces. Les poubelles sont vides ou presque. Faut-il alors mettre en avant l'élargissement des prérogatives des maires pour leur apprendre à balayer devant leurs portes (au vrai sens du mot) ? Bedoui a déclaré en décembre dernier à Souk Ahras que le 15 décembre dernier devait être lancée à Alger «la commune du futur». Sidi Abdellah est un exemple, parmi tous les autres, de la saleté qui ronge les cités du pays. Alger n'en est pas épargnée. La rue Didouche Mourad ou Larbi Ben M'hidi en porte le délit. Le siège de l'APC d'Alger fait face à la place Emir Abdelkader dont le carrelage est défoncé. D'ailleurs, les trottoirs ne tiennent jamais plus d'un an avant d'être refaits encore et encore avec les mêmes matériaux Bedoui a affirmé que «la commune est la cellule centrale de l'Etat, elle en est le moteur». Si l'Etat n'a jamais pu commander la commune, ni lui a appris à fonctionner comme il se doit, en faire son moteur provoquerait sa ruine et du moins ce qui en reste. Si la sanction avait force de loi En avançant que les PAPC auront plus de prérogatives pour la gérer, l'on ne sait si le nouveau code communal et celui de wilaya apprendra aux autorités locales à nettoyer leurs collectivités respectives. Sa rencontre ce jeudi au CIC Abdelatif Rahal, avec les maires des 1.541 communes devra en principe se concentrer sur les missions les plus simples qui leur sont déjà dévolues mais qu'ils n'ont jamais su les assumer. Les maires ne s'agitent que quand ils reçoivent un officiel ou quand leur mandat arrive à sa fin. Le ministre de l'Intérieur le constatera aujourd'hui encore une fois puisqu'il prévoit de se déplacer à Baraki et à Bentallah, ces contrées martyres au temps de la folie terroriste. A l'instar de l'ensemble des autorités centrales et locales du pays, les élus locaux ne se sont jamais inquiétés de rendre compte à qui que ce soit. Les états-majors de leurs partis politiques ou de leurs hiérarchies ne s'encombrent pas d'une telle étape qui semble leur être un détail. Le MICALT a promis de créer une police communale. L'on se demande qu'est-ce qui empêche la constitution de ce corps, quand on voit que les jeunes des quartiers s'ennuient tellement qu'ils ont fait de la harga un moyen de s'occuper ou, comble de la folie, un passe-temps exaltant. Peut-être qu'une fois installée, la police communale disciplinera élus et citoyens en les poussant à s'impliquer dans la gestion de leurs espaces, conformément à ce qui se fait sous d'autres cieux. Bedoui a promis que des cycles de formation seront dispensés, dès cette année, à la société civile, et ce pour lui apprendre ce que doit signifier la démocratie participative dans le fonctionnement d'une commune. Mais encore faut-il que les éléments qui constitueront la police communale ceci si elle arrive à être créée- pourront s'élever au-dessus des pratiques corruptibles et corrompues qui gangrènent les pouvoirs centraux et locaux tant l'impunité est érigée en mode de gouvernance. A défaut, Nouredine Bedoui aura été ce grand rêveur dans un pays farfelu dont le système politique ne correspond nullement à sa vision de la collectivité locale. Il faudra alors qu'il change de fusil d'épaule et accorde à la sanction force de loi