Tout d'abord, ce candidat à la candidature vient, avec un effet d'annonce, en publiant un livre pamphlet sous le titre «La France n'a pas encore dit son dernier mot». L'allusion est on ne peut plus claire, elle s'adresse à la communauté musulmane établie dans l'Hexagone qui, selon son point de vue, va vers son slogan intitulé «le grand remplacement», c'est-à-dire d'une population par une autre. Depuis, les commentaires ont fusé, ici et là, du personnel politique français qui, dans sa majorité, a réagi vivement et unanimement contre ce polémiste que personne ne veut voir dans l'arène politique, mais qu'on retrouve toute l'année sur toutes les chaînes TV françaises, en train de fustiger tout ce qui n'est pas français de souche. Faisant fi de ce rejet unanime, il est revenu, hier, avec une nouvelle déclaration: «J'ai envie parce que je pense que la France est dans un état absolument lamentable, que la France que j'aime, que j'ai aimée, est en train de disparaître, et je n'ai pas du tout envie de cela.». Il parle bien sûr de son envie de se présenter à la présidentielles d'avril prochain, mais sait que Marine Le Pen ne se laissera pas faire, en laissant un intrus chasser sur son territoire. Mais il fait fi de ce travers, en répliquant que «cette dame ne gagnera jamais». Et de poursuivre sur France 2: «Si j'y vais, ce n'est pas un chien dans un jeu de quilles que je veux être. C'est imposer mes thèmes. Je pense que la présidentielle se joue autour d'une idée, d'une question, et qu'il faut imposer sa question et avoir la réponse.». Au-delà de la polémique, il y a lieu de relever que pareille candidature risque de mettre dans la gêne l'extrême droite parce que Zemmour risque de lui grignoter quelques voix, alors que le Rassemblements national a pris l'habitude de se frayer un chemin vers le second tour, en créant au dernier virage un sursaut ou une prise de conscience qui l'empêche de passer. La candidature de Zemmour buterait sur, au moins, six millions de voix des Algériens qui le honnissent et auxquelles il faudrait ajouter celles acquises par les autres candidats potentiels quand ils se déclareront. Il sera comme un cheveu dans la soupe; il se présente comme l'avait fait Coluche en son temps. Mais ce dernier y est allé avec gaieté de coeur, mais non point pour véhiculer un discours raciste. La grande inconnue reste la candidature de Emmanuel Macron. Certains voient dans sa visite à Marseille, une pré-campagne électorale qui ne dit pas son nom. Mais rien n'est officiel pour l'heure. Il a subi les foudres des Gilets jaunes, puis le confinement dû à la pandémie qui a immobilisé la machine économique. En guise de bilan, il devra convaincre les électeurs du bien-fondé de sa politique qui n'a pas pu être appliquée, pour des raisons qui lui échappent et qui ont mis à mal les meilleurs stratèges de la planète, exception faite de barons des médicaments qui ont su tirer profit de cette douloureuse situation. La candidature de Zemmour constitue un parfait indice, car on ne peut rejeter l'homme qui agace, mais qui meuble les écrans à longueur d'année. Il y a, bien évidemment, un public qui ne demande qu'à encore l'écouter quand il croisera le fer avec d'autres candidats. Car l'opinion publique se forge par le biais de l'image, des images, puis des réseaux sociaux. Sur ce plan, Zemmour doit avoir une audience parce que nul ne perdrait son temps à écouter un farfelu s'il ne partage pas les idées qui l'animent. Zemmour constitue le meilleur exemple du polémiste doublé d'une âme de rejet de l'autre, donne qui mettrait l'électorat sur ses gardes et dévoilerait les penchants des votants dont Zemmour constitue la matrice. Mieux, quelles seraient les réactions dans un face-à-face Macron-Zemmour au second tour? La politique n'est-elle pas l'art du possible, voire de l'impossible?