La dépouille de la défunte est arrivée, hier, à 15h à l'aéroport d'Essenia, avant d'être enterrée au cimetière de Aïn El Beïda. Une émouvante cérémonie pour la levée du corps de Cheikha Rimitti a eu lieu jeudi dernier à la mosquée du cimetière musulman de Bobigny. Quelques amis, ses musiciens, son producteur et des compagnons de route du raï ont pris part au dernier adieu en France à la diva éteinte à 84 ans en pleine gloire. A signaler la présence du représentant de l'ambassadeur d'Algérie, de l'adjoint du consul général et des consuls de Bobigny et de Pontoise. Si les représentants de son pays ont été aussi nombreux à cet hommage, on ne peut pas pas en dire autant des stars du raï dont certaines doivent leur carrière à Rimitti. Pourtant, chacun sait que la plupart des vedettes de la chanson algérienne vivent ici à Paris. Seuls, en definitive, ses vrais amis se trouvaient là. Ainsi Cheïkha Rabéa, un autre nom de la chanson oranaise, n'arrive pas à se faire à la disparition de son amie. «Elle m'avait demandé de lui préparer un couscous pour lundi. Elle m'a appelée pour me dire qu'elle faisait le Zenith (le dernier concert de Rimitti Ndlr) et que nous nous verrions après. Elle est morte lundi, comme ça, près de chez elle. Quand Gaffaïti, son producteur, m'a annoncé ça, j'étais au marché de Montreuil. Je suis partie très vite mais l'ambulance l'avait déjà emmenée». Cheïkha Rabéa remplacera la défunte aux concerts programmés et sera le 31 mai à l'Etage pour une soirée en hommage à l'artiste disparue. Nourredine Gaffaïti, le producteur de Rimitti, lui aussi, reste sous le choc d'autant qu'il était aux côtés de la défunte quand elle a eu son malaise dans la rue, près de chez elle. Les yeux pleins de larmes, le chanteur Aouinet a du mal à parler: «C'était notre symbole. Elle aimait tellement son métier, la musique, pas pour l'argent mais pour le raï. Nous avons perdu quelque chose de grand».Tous se disent surpris par cette «catastrophe» parce que que Rimitti n'était pas malade et vivait un grand moment de réussite avec ses nombreux concerts et son dernier album largement médiatisé dans la capitale française. Pourtant, la sénatrice des Verts, Alima Boumediene, portant ce jour-là, a'baya et foulard noirs, se rappelle les derniers moments qu'elle a passés avec la vieille dame lundi matin, le jour de son décès. «Elle paraissait fatiguée, et pas très en forme. Mais elle a comme d'habitude beaucoup parlé de son travail, du milieu artistique». Alima témoigne de cette capacité de la Cheïkha d'aborder tous les sujets: «Il nous est même arrivé de parler politique». Un dernier regard sur le cercueil de la grande dame du raï et le véhicule mortuaire prend la route vers l'aéroport d'Orly. Rimitti repose désormais en cette terre oranaise qu'elle a tellement chantée.