Le village voisin d'Aït Larbaâ renfermait, lui, une trentaine d'ateliers d'armurerie et d'orfèvrerie. L'orfèvrerie émaillée est actuellement en plein marasme avec la mévente et aussi la cherté de l'argent, la matière première de cet art caractéristique des Beni Yenni, la rareté du corail, pourtant produit de nos côtes, et aussi le démantèlement des circuits réguliers d'approvisionnement. Tout cela réuni fait que cette activité, valorisante et civilisationnelle, connaît un inexorable déclin. Beni Yenni, une commune pleine de charme, pétrie de culture et de couleurs ainsi que de beauté naturelle et de crédibilité, invite au détour à admirer les artisans à l'oeuvre et s'emplir les yeux de la vue de ses sites magnifiques. Un auteur disait que l'on ne connaît le haut pays kabyle que si l'on a visité Beni Yenni. L'on se rend en cette magnifique contrée en partant de Tizi Ouzou et en empruntant la RN30 après avoir emprunté jusqu'à Oued -Aïssi la RN12, suivant fidèlement le cours de l'oued Aïssi, qui fait place au barrage de Taksebt. Après avoir parcouru une vingtaine de kilomètres, l'on arrive à l'embranchement dit de Takhoukht et l'on bifurque à gauche pour grimper à travers une végétation luxuriante d'oliviers, de figuiers, de merisiers et de chênes ainsi que de maquis de lentisques et de bruyère vers le lieudit. La Tranchée. Là, il faut prendre sur sa gauche pour arriver dans les Ath Yanni. On est certes harassés mais la beauté des sites est une récompense divine. En face, le Djurdjura et la Main du Juif sont une invite à la randonnée et en dessous l'on découvre les vallées qui suivent le sillon des Ouadhias et qui vont aussi loin que porte le regard jusque vers Draâ El Mizan. A droite, l'on a les monts qui déroulent, tel un kaléidoscope, les villages et hameaux de la région d'Aïn El Hammam et de Larbaâ Nath -Irathen et devant soi la vallée d'Oued Aïssi. Il fut un temps lointain où Beni Yenni, et notamment le village d'Aït Lahcène, comptait à lui seul une soixantaine d'ateliers où l'on ne travaille que des armes et des bijoux. Le village voisin d'Aït Larbaâ renfermait, lui, une trentaine d'ateliers d'armurerie et d'orfèvrerie alors que Taourirt Mimoun et Taourirt El Hadjadj comptaient respectivement une douzaine d'ateliers pour le premier et une vingtaine d'autres pour le se-cond. Dans les temps anciens on y fabriquait aussi de la fausse monnaie, le sequin, d'où cette appellation, bien kabyle, «d'assequak» pour tout ce qui est du toc et ou de mauvaise facture. Aujourd'hui, cet artisanat semble rencontrer bien des difficultés et plusieurs échoppes ont tout simplement baissé rideau. La fête du bijou, remise au goût du jour par la seule volonté de la commune et du comité des fêtes de Beni Yenni, attend toujours les suites des promesses faites devant les populations et devant les autorités locales et les artisans par le ministre de la PME et de l'Artisanat lors du coup d'envoi de cette fête qui avait repris après le Printemps noir. Pour l'édition de l'année en cours, le comité des fêtes semble avoir suscité l'attention des autorités de la wilaya et le fait d'avoir placé cette édition 2006 sous le haut patronage du président de la République redonne une certaine confiance aux artisans qui espèrent ainsi une meilleure aide des pouvoirs publics. Les artisans de Beni Yenni attendent une éclaircie et se sont surpris à recommencer à espérer en des lendemains meilleurs. Le bijou est trop précieux et l'artisan en bijouterie émaillée est un artisan qui mérite toute l'attention, l'artisanat est un véritable trésor pour la région qui cherche à le conserver et à le développer.