Le franc-parler colle au patron de l'ex-FCE comme une seconde peau. Il tonne surtout comme une sonnette d'alarme lorsque c'est l'avenir du pays qui est en jeu. C'est le cas, aujourd'hui, avec le Plan de relance économique qui, après avoir bénéficié d'une campagne médiatique significative, vient d'être fraîchement adopté par les élus du palais Zighoud Youcef. Un feu vert qui ne doit pas faire perdre de vue que ce chantier ne sera pas une affaire de tout repos. Le mener à bon port représente une sacrée paire de manches. Un virage que le pays ne doit pas rater, de surcroît. «C'est le plan de la dernière chance pour relancer l'économie nationale», a déclaré,hier, le président de la Confédération algérienne du patronat-citoyen, Sami Agli. Les opérateurs économiques mettent tous leurs espoirs sur la mise en oeuvre du nouveau Plan d'action du gouvernement. «Tout le monde est dans une réelle attente de ce renouveau économique qui n'est pas un choix, mais une obligation pour pouvoir avancer», a souligné Samy Agli sur les ondes de la Chaîne 3. Les dégâts sont immenses. Si sur le plan humain la pandémie de Covid-19 a été dramatique, 201 425 cas de contamination et 5 681 décès ont été enregistrés selon le bilan publié le 18 septembre par le ministère de la Santé, la situation sur le plan économique est aussi désastreuse. L'année 2020 aura été particulièrement éprouvante, cauchemardesque. Les pertes financières occasionnées pour les uns et l'absence de revenus pour les autres ont créé une situation de précarité aussi inattendue qu'inédite. Une conjoncture qui n'a fait qu'exacerber le phénomène du chômage qui touchait plus de 11% de la population active avant l'apparition du Sars-Cov-2. Une enquête portant sur un échantillon de 3 666 entreprises employant 440 171 travailleurs, toutes filières d'activité confondues, supervisée par le ministère du Travail, a montré que 72% sont partis en congé. 6% se sont retrouvés en chômage technique. 12% ont été concernés par une fermeture provisoire de leurs entreprises, alors qu'1% a perdu son emploi suite à la fermeture définitive de ses entreprises. La fermeture des usines de montage automobile et l'arrêt de l'importation des composants pour l'électroménager ont provoqué la perte de 51 000 emplois, selon le ministre du Travail, El Hachemi Djaâboub. Un de ses fleurons, l'Entreprise nationale des industries électroménagers (Eniem), implantée dans la zone industrielle d'Oued Aïssi, à 7 km à l'est de Tizi Ouzou, confrontée à une rupture des stocks de la matière première a dû anticiper le congé annuel 2021. Plus de 150 000 artisans ont été directement touchés par la cessation de leurs activités avait indiqué, le 21 avril 2020, le président de l'Association nationale des commerçants et artisans (Anca), Hadj Tahar Boulenouar. Le constat du patron de l'ex-Fce noircit davantage le tableau. Plus d'un million d'emplois ont été perdus et un nombre inquiétant d'entreprises sont en difficulté, note Samy Agly. L'économie nationale nécessite «une relance urgente, un diagnostic réel de l'entreprise et de l'économie d'une manière générale» afin de trouver les mécanismes adéquats à ce renouveau économique, préconise le patron de la Capc qui a plaidé en faveur du déblocage des projets d'investissement. Une préoccupation que le Premier ministre a décidé de régler. Le gouvernement s'apprête à examiner tous les dossiers d'investissement accumulés et en suspens «de façon rigoureuse et profonde», à l'effet de prendre les mesures nécessaires à la levée des obstacles qui ont rendu leur concrétisation impossible, en donnant la priorité aux véritables investissements générateurs de richesse et d'emplois et en remplaçant les importations par le produit national, a déclaré Aïmene Benabderrahmane dans le cadre du débat portant sur le Plan d'action du gouvernement.