«Hors normes». C'est comme cela qu'a qualifié Zaki Hariz, président de la Fédération algérienne des consommateurs (FAC), le marché automobile algérien. Pour lui, la situation actuelle ne répond à aucune logique, que ce soit du point de vue économique ou rationnel. Invité au forum du quotidien El Moudjahid, il a lancé un appel au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour mettre fin à ce qu'il qualifie de mascarade. «Les cahiers des charges concernant l'importation de véhicules neufs sont une véritable mascarade. À chaque fois, ils trouvent de nouvelles excuses aux concessionnaires afin de refuser leurs dossiers», a-t-il indiqué. «Ce qui se répercute négativement sur le marché avec des prix qui ont atteint l'indécence», a-t-il ajouté. Zaki Hariz fait remarquer que la demande est très forte sur les voitures, devenues un luxe pour de nombreux citoyens. Il demande, donc, au premier magistrat du pays, de libérer les fameuses licences d'importation afin de pouvoir rééquilibrer le marché. Le président de la Fédération algérienne des consommateurs plaide également pour le «dégel» de la loi sur l'importation des véhicules d'occasion à partir de l'étranger. «Le Premier ministre doit en urgence autoriser l'importation de ces véhicules d'occasion», soutient-il, tout en proposant que la loi soit modifiée afin que la limite soit portée, au moins, à 5 ans au lieu de 3 ans comme cela est le cas actuellement. «Les véhicules de moins de 3 ans restent très chers à l'étranger. Afin qu'ils soient à la portée des citoyens on doit passer aux moins de 5 ans», estime-t-il, non sans insister sur un contrôle strict de la part des ingénieurs des mines. L'autre point abordé par cette Association de protection des consommateurs est le pouvoir d'achat des Algériens. «Il n'a jamais été aussi bas», atteste-t-il, soulignant que la pandémie de la Covid-19 ne peut pas, à elle seule, justifier cette situation «intenable» pour les citoyens. Zaki Hariz et les membres de son Association, notamment le docteur Abdi, ont fait une série de propositions afin, disent-ils, d'augmenter le pouvoir d'achat des Algériens sans pour autant augmenter l'inflation. Parmi elles, la baisse de la TVA. «Le taux actuel de la TVA, 19%, est l'un des plus élevés au monde. Il se répercute négativement sur le pouvoir d'achat des consommateurs», estiment-ils, rappelant que c'est le client final qui la paie. L'autre point important est la baisse de l'IRG pour les salariés. «Le président Tebboune a baissé l'IRG pour une certaine catégorie de salariés. C'est une bonne chose, mais elle doit être généralisée», jugent-ils, soutenant que cela doit permettre d'offrir une vie digne de ce nom aux Algériens. Ils appellent simplement à une plus grande équité dans le paiement des impôts et taxes. «Les salariés sont les plus taxés dans le pays alors que certains barons ne paient quasiment pas d'impôts. Il est important de mettre fin à cette injustice tout en combattant le marché parallèle», rétorquent-ils. L'autre proposition phare de la FAC est la suppression des subventions. «On doit mettre un terme à cette dilapidation de l'argent public à travers ces subventions tous azimuts qui ne bénéficient pas aux citoyens qui en ont réellement besoin», soulignent-ils. Dans ce sens, ils demandent au gouvernement de passer, au plus vite, à un subventionnement ciblé, plus «efficace et moins coûteux» pour le Trésor public. La Fédération algérienne des consommateurs s'en est, également, prise à certaines décisions de l'ancien gouvernement, qu'elle estime avoir aggravé la baisse du pouvoir d'achat. Elle évoque, notamment la fermeture des ports secs qui, selon elle, a augmenté les frais logistiques des importations. Elles réprouvent aussi le système des licences qu'elle qualifie de bureaucratique, ayant provoqué la flambée des prix de certains intrants. Elle appelle aussi à la débureaucratisation «réelle» de l'acte d'exporter, à l'image des problèmes rencontrés par les exportateurs dans le rapatriement de leurs devises. Enfin, la FAC se prononce clairement contre une augmentation des salaires comme cela été le cas en 2008. «Cela provoquera une inflation incontrôlable. Il faut une augmentation intelligente du pouvoir d'achat avec des mécanismes comme ceux qu'on a proposés», a-t-elle conclu.