Le parti islamiste n'est pas prêt à conclure une alliance politique dans l'actuelle conjoncture. «Si le départ de M.Ahmed Ouyahia de la tête du gouvernement était plus que prévisible, la reconduction du même staff constitue une surprise pour nous», a déclaré M.Abdallah Djaballah, président du Mouvement El Islah. L'invité de la rubrique «A coeur ouvert avec l'Expression», considère que le bilan négatif du gouvernement aurait exigé un remaniement de fond. Djaballah était parmi les premières personnalités politiques ayant voulu le départ d'Ouyahia, pour des considérations «objectives» ayant trait à «l'échec du programme du gouvernement», ou encore pour garantir la neutralité de l'Etat lors des prochaines échéances électorales. Par ailleurs, il ne faut pas perdre à l'esprit que le chef d'El Islah avait accusé ouvertement le Rassemblement national démocratique, RND, d'être derrière «le complot visant à diviser les rangs» de son parti. Ce qui donne un aperçu des relations entre les deux formations. Le responsable du parti estime que cette position dépasse «le stade de divergence personnelle avec Ouyahia», et qu'il s'est toujours opposé au programme du gouvernement. Et que les députés de son parti «ont voté contre le bilan de politique générale l'année précédente au moment où les autres formations soutenaient et applaudissaient Ouyahia». Ce qui amène le président d'El Islah à penser que sa position «est confortée aujourd'hui y compris par les anciens alliés de l'ex-chef de l'Exécutif». En somme, El Islah, même s'il a plaidé pour un gouvernement technocrate et neutre, soutient la désignation d'un militant du FLN à la tête de l'Exécutif. «Il faut reconnaître que le FLN constitue la première force politique à l'APN. La chefferie du gouvernement lui revient, donc, de droit.» Les positions de ce parti islamiste, soutenu par des déclarations faites par M.Abdelaziz Belkhadem, faisant état d'une rencontre en perspective avec Djaballah dans le cadre de la concertation avec la classe politique, prenaient les allures d'une volonté de mener de nouvelles alliances dans le cadre des pressions exercées sur M.Ahmed Ouyahia. Certains observateurs avertis évoquent la reconfiguration de l'échiquier politique et la participation d'El Islah dans l'Exécutif. Sur ce dossier, notre invité a tenu, de prime abord, à démentir tout contact avec le FLN. «Il n' y a aucun contact officiel avec le FLN». Dans le même chapitre, M.Lakhdar Benkhelaf, le secrétaire national chargé de l'organique avait stigmatisé, dans une déclaration à L'Expression, les propos de M.Belkhadem concernant une rencontre programmée entre les responsables des deux partis. «A aucun moment, le parti n'a été sollicité par le FLN. Nous avons appris l'information par le biais de la presse», nous a-t-il déclaré. El Islah voit dans cette «manoeuvre» une tentative de mêler le parti à la campagne anti-Ouyahia. Selon Djaballah, le parti n'est pas prêt à faire une alliance ni avec le FLN ni avec les autres formations politiques dans la conjoncture actuelle, d'autant plus que «le gouvernement actuel a une durée de vie d'une année» seulement. «On ne peut pas prendre part à un Exécutif dont la fin de mission se fera juste après les élections législatives». El Islah est-il prêt à intégrer le prochain gouvernement? Sur ce point, Djaballah rappelle que l'objectif du parti est d'arriver au pouvoir. «Une ambition que nous n'avons jamais occultée.» Elle est conditionnée, néanmoins, par l'engagement d'un débat sérieux et serein entre toutes les parties prenantes de la scène politique. «Or, ce n'est pas ce que nous constatons aujourd'hui.» Le gouvernement auquel aspire El Islah «aura pour principale mission de mener à terme les réformes économiques et politiques». «Nous sommes prêts à discuter de la question avec un sens des responsabilités lorsque les conditions seront réunies»