Les appels au calme et au retour à l'ordre constitutionnel se sont multipliés depuis dimanche, lorsque les forces spéciales guinéennes ont pris le contrôle du Palais présidentiel, arrêté le président Alpha Condé et «dissous» les institutions et la Constitution en vigueur. Dans la journée de dimanche, des tirs nourris ont été entendus dans la commune urbaine de Kaloum, dans le centre de Conakry, en Guinée, où se trouvent le palais présidentiel et plusieurs départements ministériels. Dans l'après-midi, le ministère guinéen de la Défense a déclaré que «la garde présidentielle, soutenue par les forces de défense et de sécurité, a contenu la menace et repoussé le groupe d'insurgés». Cependant, plus tard dans la journée, le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya a annoncé que ses forces avaient arrêté le président Alpha Condé et dissous le gouvernement ainsi que les institutions nationales. Les frontières du pays ont été fermées et sa Constitution a été déclarée invalide dans cette annonce. Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montrait M. Condé entouré d'un groupe de soldats armés. Préoccupée par la situation prévalant en République de Guinée, l'Algérie a réaffirmé lundi, son «attachement aux principes cardinaux de l'Union Africaine (UA), notamment le rejet de tout changement anticonstitutionnel de gouvernement tel qu'énoncé par la décision d'Alger de 1999 et réaffirmé par la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance». Le SG de l'ONU, Antonio Guterres, a de son côté condamné toute prise de pouvoir par la force des armes appelant à la libération immédiate du président Alpha Condé». L'Union africaine qui compte 55 Etats membres, a appelé à la libération immédiate de M. Condé. Felix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo (RDC), et président en exercice de l'UA, et Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'UA, ont en outre demandé au Conseil de paix et de sécurité de l'UA de se réunir d'urgence pour examiner la nouvelle situation en Guinée et prendre les mesures appropriées aux circonstances. L'organisation des Etats ouest-africains, la Cédéao, a exigé également «le rétablissement de l'ordre constitutionnel afin d'éviter le recours aux sanctions». L'Union européenne (UE) par le biais de son haut représentant pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a condamné dans un tweet le coup d'Etat en Guinée, appelant à la libération du président Condé. Aux Etats-Unis, le porte-parole du département d'Etat américain, Ned Price, a exhorté toutes les parties à éviter la violence et à engager le dialogue. La France qui a vivement réagi au coup de force, a demandé «le retour à l'ordre constitutionnel». De son coté, la diplomatie russe a affirmé, qu'elle suivait les développements en Guinée avec une profonde inquiétude, soulignant qu'elle rejette toute tentative inconstitutionnelle de changement de pouvoir. A ce titre, la Chine, par la voix du porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue, à respecter les intérêts fondamentaux du pays et à résoudre les problèmes par le dialogue et la consultation». Le président du Burundi Evariste Ndayishimiye a condamné le coup de force en lançant un appel au calme, alors que le gouvernement du Nigeria a exhorté les militaires à rétablir l'ordre constitutionnel sans délai et à protéger toutes les vies ainsi que les biens». Aussi, l'Egypte a appelé toutes les parties en Guinée à faire preuve de retenue et à régler la crise de manière pacifique. Alors que l'incertitude règne sur l'évolution de la situation à Conakry, la société civile guinéenne a appelé à mettre rapidement en place un cadre national de dialogue. Les militaires ont également évoqué dans leurs derniers communiqués, lus à la télévision nationale ou diffusés sur les réseaux sociaux, la prochaine ouverture d'une «concertation» nationale pour définir les modalités de la transition politique dans ce pays pauvre d'Afrique de l'Ouest, important producteur de minerai, notamment de bauxite. Il reviendra au futur gouvernement «d'union nationale» de conduire cette transition, a précisé hier dans un tweet le chef du «Comité national du rassemblement et du développement» (CNRD), le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya.