Le volume des pertes est incalculable. Quatre-vingt-dix % de nos exportations hors hydrocarbures ne sont pas couvertes par l'assurance-crédit à l'export. Un chiffre qui inquiète les autorités publiques, au vu des risques pris par tous les opérateurs qui échappent au contrôle de la Compagnie algérienne d'assurance et de garantie des exportations, la Cagex. Le risque est d'autant plus réel sachant la méconnaissance parfois totale des marchés étrangers par nos opérateurs. Le ministre des Finances, M.Mourad Medelci, qui a annoncé ce chiffre, hier, en marge de la conférence sur «la garantie des investissement dans les pays arabes», a évoqué l'urgence de sensibiliser les opérateurs sur ce point. «En Algérie, il est constaté l'absence de la culture du risque chez les citoyens en général. Les choses évoluent doucement, et dans la majorité des cas, après l'avènement de catastrophes naturelles». Le ministre a exhorté la Cagex, qui est désignée pour la gestion du système d'assurance à l'exportation en Algérie, à «se rapprocher des exportateurs qui activent en dehors de la capitale». Le rôle et les avantages du système de l'assurance crédit à l'export sont méconnus par la majorité des exportateurs. Les conséquences sont fatales pour un bon nombre d'entreprises. Si le ministre des Finances n'a pu révéler un chiffre exact sur les créances qui s'accumulent suite à des transactions contractées avec des opérateurs étrangers, le président-directeur général de la Cagex, M.Djilali Friket, lui, reconnaît que les pertes sont «très élevées». «Les exportateurs s'engagent dans la majorité des cas dans des marchés sur lesquels ils ignorent tout. Une fois sur place, ils constatent qu'ils ont affaire à des acheteurs peu crédibles». Le nombre des opérateurs escroqués n'est pas identifié. La Cagex a été approchée, dernièrement, par 7 opérateurs pour signaler des cas de non- paiement de créances, d'un montant global d'un million d'euros. Mais le chiffre réel de l'ensemble des créances demeure bien évidemment beaucoup plus élevé. La Cagex compte renforcer l'activité du recouvrement des créances qui est très récente. En somme, le volume des contrats d'assurance engagés par la Cagex en 2005 est estimé à 5 milliards de DA, contre un milliard pour le premier trimestre 2006. Par ailleurs, M.Fahd Rached El Ibrahim, directeur général de la Société arabe pour la garantie des investissements, a reconnu que l'économie algérienne n'a pas bénéficié d'une manière suffisante des services de cette banque. La valeur globale des fonds débloqués en faveur de notre pays depuis 2005 s'élève à 147 millions de dollars en termes d'appui à l'investissement et aux importations. Ce qui classe l'Algérie en sixième position loin derrière le Maroc et la Tunisie. Concernant l'exportation, 5,5 millions de dollars ont été débloqués, soit 0,2% de l'ensemble des aides octroyées aux pays arabes.