300 morts ont été comptabilisés lors des combats opposant, depuis mercredi, armée afghane aux talibans. Depuis une quinzaine de jours, les combats entre militaires afghans et de la coalition et milices talibans sont devenus quasi quotidiens, notamment dans le sud du pays où se concentrent le plus gros des combats, atteignant un pic depuis mercredi. Toutefois, la capitale Kaboul n'est pas épargnée où les attentats suicide ont tendance à se multiplier. Hier, les combats se sont poursuivis dans la région de Kandahar, et de nombreux taliban ont été mis hors de combat, selon un communiqué du ministère afghan de la Défense qui ne précise pas cependant les pertes subies par les soldats afghans. De son côté, le contingent américain en Afghanistan, a indiqué hier dans un communiqué, que «les forces de la coalition ont mené, tôt ce matin, une importante opération dans la région de Kandahar, près du village d'Azizi, dont le bilan est la mort, non confirmée, de jusqu'à 80 membres des talibans». Le même communiqué américain précise que «les informations initiales font état de 20 talibans confirmés tués et 60 victimes supplémentaires non confirmées», et souligne dans le même temps qu'il s'agissait de la troisième opération anti-talibans effectuée au cours de la semaine dans cette zone. Lors de ces opérations au sud, seize civils afghans ont été tués dans le bombardement d'un village de cette région par la coalition internationale. Selon les bilans donnés au cours de ces derniers jours par les autorités afghanes et de la coalition, près de 300 personnes, dont 250 talibans, auraient été tués depuis mercredi dans les provinces du sud. L'armée afghane aurait, de son côté, subi de lourdes pertes selon les déclarations d'officiers afghans, mais aucun chiffre n'a été, jusqu'à présent, communiqué. De fait, les combats qui se déroulent actuellement à Musa Qala, dans le district de Panjway, ont été les plus violents depuis la guerre d'octobre 2001 qui s'est achevée par la chute du régime taliban. Mais c'est l'ensemble du Sud -provinces de Kandahar, Helmand et Oruzgan- qui est touché par la recrudescence de la violence où des affrontements opposent des militaires afghans, appuyés par les forces de la coalition, et les rebelles talibans. De fait, les talibans ont refait une spectaculaire réapparition à la fin de 2005 et notamment depuis le début de cette année, montrant qu'ils ont réussi à se réorganiser et à renouveler leur force redevenant opérationnels, comme le montrent les attentats perpétrés ces dernières semaines dans plusieurs provinces d'Afghanistan. Cette vague de violence coïncide, par ailleurs, avec l'annonce de l'élargissement des effectifs et du champ d'opérations de l'Isaf (Force internationale d'assistance à la sécurité, placée sous l'égide de l'OTAN), aux provinces du sud, où la guérilla taliban subsiste. L'Isaf, jusqu'ici cantonnée dans et autour de la capitale, et dans l'Ouest, nettement plus calmes, se redéploie dans le Sud en butte à la violence. La reprise de la violence dans les villes (notamment les attentats suicide de plus en plus meurtriers) celle de combats sanglants au sud, temporisent quelque peu l'optimisme affiché ces derniers temps par les autorités afghanes qui montrent le chemin encore à faire pour pacifier le pays. C'est dire que le Sud échappe (toujours) à l'autorité du gouvernement central de Kaboul au moment où les talibans, défaits en 2001, donnent l'impression de s'être réorganisés, jusqu'à affronter au combat les forces régulières afghanes et celles des coalisés de la force multinationale. Dans une déclaration à la presse, le ministre afghan des Affaires étrangères a indiqué dimanche que les rebelles menaient leurs opérations depuis le Pakistan voisin, où ils seraient retranchés, affirmant: «Nous savons que la direction idéologique, politique et militaire des talibans et d'autres groupes terroristes internationaux vit au Pakistan». Sollicité de savoir si les opérations des rebelles étaient menées depuis le Pakistan, M.Spanta a dit «exactement». Notons, qu'au même titre que le sud de l'Afghanistan, le nord du Pakistan vit dans la violence depuis mars dernier, l'armée pakistanaise affrontant dans des combats sanglants des islamistes retranchés dans les hautes montagnes séparant les deux pays. Aucune coordination ne semble toutefois exister entre les autorités afghanes et pakistanaises pour neutraliser les rebelles réfugiés dans les régions montagneuses frontalières des deux pays.