Si la tension n'est pas visible au sein des sidérurgistes du complexe Sider d'El Hadjar, elle est perceptible dans les regards des uns et des autres. Un véritable rififi sans écho sur la situation prévalant au sein de la masse ouvrière qui n'a pour sujet de discussion que «l'éventuelle fermeture du complexe». Une rumeur circulait depuis plusieurs jours déjà, à l'origine du malaise des travailleurs. Selon certaines sources, parmi ces derniers, bien que l'on n'en parle pas ouvertement, les chuchotements sont le signe d'un état d'âme secoué par des informations filtrées par certaines sources, sur une éventuelle fermeture du complexe. Selon les mêmes sources, parmi les métallurgistes, l'information s'est répandue à Annaba comme une traînée de poudre. «Mes connaissances et même ma famille, m'ont demandé si El Hadjar va être fermé», a dit A. CH., travailleur à Sider. Une question à laquelle il n'a pas pu répondre, puisque, a-t-il dit, «on ne sait pas de quoi il s'agit, mais je ne pense pas que l'Etat ait décidé de la fermeture, sans consulter les acteurs concernés, le Syndicat national entre autres». Des propos similaires ont été rapportés par plus d'un sidérurgiste, qui ont déploré cette fake news qui, selon eux, est une autre forme de déstabilisation du pacte social et du complexe. «Nous avons entendu cette information, mais nous sommes sûrs que c'est l'oeuvre de la mafia qui, en perte de vitesse, tire son baroud d'honneur pour créer la tension au sein des travailleurs», a fait savoir M. AB. Du côté de la direction générale de Sider El Hadjar et selon une source interne, «le complexe a fait face à plusieurs crises qu'il a surmontées avec le concours des efforts de son staff dirigeant et de ses travailleurs», nous dit-on. «Cette information n'est qu'un fragment d'éclats qui s'abattent à chaque fois sur nous», a ajouté notre source. Selon notre interlocuteur, certes, nous avons du chemin à parcourir pour remettre le complexe sur pied, «mais El Hadjar est et restera le fleuron de l'industrie nationale et africaine», a lancé notre source. Des propos qui sonnent comme un défi lancé, nous dit-on «à tous ceux qui veulent mettre le secteur de l'industrie nationale au pied du mur». Pour les métallurgistes et les responsables de Sider El Hadjar ni le complexe de Bellara ni Tosyali ne peuvent écarter le complexe El Hadjar. L'histoire de la sidérurgie est à El Hadjar et chaque complexe a sa spécificité. «Les deux nouveaux complexes sont des acquis pour l'économie industrielle du pays», ont estimé nos sources. Ces dernières ont estimé que la concurrence entre les trois complexes doit créer une synergie escomptée pour la promotion de l'industrie nationale, en vue d'un développement qui doit, d'une part, répondre aux besoins du marché national et d'autre part, conquérir le marché international. Le complexe Sider évolue dans cette optique. En témoignent les propos d'Ahmed Zeghdar, ministre de l'Industrie qui, lors de sa visite à Sider, en septembre dernier, a, dans son allocution, salué les efforts des travailleurs, mettant l'accent sur la nécessité de préserver ces acquis et d'oeuvrer à l'augmentation de la production du complexe, en prévision de la relance économique attendue. Reconnaissant le rôle important de l'amélioration des indicateurs économiques du pays, notamment en contribuant au développement économique, le ministre a souligné que «la sidérurgie est l'une des activités fondamentales et structurées qui nécessitent des investissements financiers importants, afin de répondre aux exigences des diverses activités industrielles et économiques». Une importance à l'origine de l'intérêt que portent les pouvoirs publics à cette entité, à travers le soutien financier et leur accompagnement du complexe. Une volonté devant lui permettre de répondre à ses besoins, nécessaires au renouvellement et à la réhabilitation de ces équipements, ainsi que de suivre le développement des systèmes de production, et à contribuer à faire face à la demande croissante de produits sidérurgiques, sur le marché national. Même si le complexe n'a pas été à la hauteur de ses aspirations, car il n'a pas été en mesure d'améliorer sa position sur le marché national et encore moins sur les marchés régional et étranger, notamment la gestion et la stratégie de développement, le staff dirigeant est mobilisé, avec les efforts de sa masse des sidérurgistes afin de parer à ce que l'on considère comme «une défaillance». Un challenge non impossible pour des métallurgistes qui, avec le soutien de Ferrovial, sont parvenus à réhabiliter le four à fusion d'Africaver, une entreprise vouée à la faillite. Le concours des deux entreprises, Sider et Ferrovial en l'occurrence, ont fait économiser au Trésor public, 100 millions de DA. Une réhabilitation qui aurait coûté à l'Etat, pour la remise en service de l'équipement, à savoir le four à fusion, 130 000 millions de DA, que la maintenance étrangère aurait pu toucher. C'est pour dire, comme expliqué par nos différents interlocuteurs, que le complexe Sider d'El Hadjar, est un réceptacle d'expériences et de compétences. Ces dernières sont capables de mener le complexe à bon port et de redorer son blason. D'ailleurs, c'est dans cette optique que le syndicat de l'entreprise a demandé la deuxième tranche des fonds d'investissement afin de concrétiser le processus de relance du complexe d'El Hadjar. La demande de libération de la seconde tranche, de la seconde phase du plan d'investissement traduit l'impatience des sidérurgistes pour s'inscrire dans la politique de la relance, tracée par les pouvoirs publics.