Ce professeur abordera la question lors de la conférence qu'il présentera ce jeudi au CCF d'Alger. Mondialisation, démocratie: voilà deux concepts-monstres qui font peur même à leurs concepteurs. Deux concepts servant parfois les intérêts de l'Homme et souvent se retournent contre lui. Entre les intellectuels du fait de la chose, les avis sont différents. Et cela dépend du camp pour lequel on opte, économique soit-il ou politique. Et en dépit de «l'effondrement» du bloc de l'Est, marqué par la chute du mur de Berlin en 1989 et qui a donné naissance à un monde unipolaire, la situation n'a, dans son fond, pas changé d'un iota. Si, pour l'Occident capitaliste, la défaite de l'URSS et la fin de la guerre froide ont marqué un tournant positif pour la démocratie, rien de tel n'est conçu dans le monde socialiste. C'est dans ce brouillage de cartes qu'est né le concept de la Mondialisation ou de la Globalisation. Et dans le déroulement des évènements tragi-comiques que connaît la planète actuellement, les spécialistes se demandent : la mondialisation favorise-t-elle la démocratie? C'est en effet, à cette question que M.Zaki Laïdi tentera de répondre jeudi prochain lors de la conférence qu'il présentera au Centre culturel français d'Alger. La question est de mise. Et pour tenter d'y répondre, ce professeur à Sciences Po de Paris, chercheur au centre d'études et de recherches internationales et non moins enseignant au collège d'Europe à Bruges, propose d'introduire une distinction essentielle entre deux dimensions de la démocratie: la démocratie comme procédure et la démocratie comme culture. Mais que signifient ces deux dimensions dans l'esprit de ce professeur? Il s'explique: «La démocratie comme procédure, c'est-à-dire comme dispositif capable d'assurer le changement des équipes dirigeantes au travers d'élections libres, renvoie au respect de certaines règles du jeu. La démocratie comme culture, c'est-à-dire comme un ensemble de règles formelles mais aussi informelles assurant, à travers le temps, la libre expression des opinions et des intérêts, s'apparente au respect de règles de vie intériorisées exprimant une confiance raisonnable en la capacité de la démocratie à garantir pluralisme et équité.» Aussi, au cours de la communication qu'il présentera, ce jeudi à 14h, le conférencier tentera de faire la jonction entre la démocratie et la mondialisation. Cela, en dépit des difficultés qu'on peut rencontrer dans la tentative de rapprochement entre les deux concepts. Néanmoins, Zaki Laïdi pense que si l'on pose la problématique en termes normatifs ou idéologiques, le débat s'éclaire de lui-même. «On peut en effet identifier toute une série d'éléments qui militent en faveur d'une corrélation positive entre mondialisation et démocratie, surtout si l'on se place dans le contexte politique mondial de la fin de la guerre froide», écrit cet intellectuel. Inversement, «il est tout aussi aisé de repérer des facteurs qui tendent à dévitaliser la démocratie en raison de la mondialisation du capital qui fait fi des espaces publics nationaux, du déséquilibre croissant entre l'économique et le politique à l'avantage du premier, de la démultiplication des dérèglements sociaux engendrés par la mondialisation.» Cela le mène incontestablement à parler du développement des mafias, du blanchiment d'argent, des trafics d'organes, de médicaments ou d'enfants. «On pense également à tous ces emplois supprimés sur la base de considérations économiques globales sans que les personnes concernées soient toujours consultées.» De toutes les manières, ceci n'est qu'un bref aperçu de la réflexion de M.Zaki Laïdi à propos de la mondialisation et de la démocratie. Cette question sera abordée d'une façon exhaustive ce jeudi au Centre culturel français d'Alger.