Ils sont 47 000 travailleurs qui n'ont pas encore perçu leurs salaires depuis plusieurs mois. Le lancinant dossier des salaires impayés était, hier, au centre d'une rencontre regroupant la Centrale syndicale et le ministère des Participations et de la Promotion d'investissements. Après avoir tranché la question de l'augmentation des salaires, samedi dernier, avec le patronat, Sidi Saïd et Abdelhamid Temmar se sont réunis pour trouver une solution et débloquer dans les plus brefs délais les salaires des 47.000 travailleurs. Les discussions ont porté particulièrement sur les modalités pratiques de versement de l'argent aux 140 entreprises n'ayant pas pu régler les questions salariales de leurs travailleurs. Ces rencontres traduisent le désir des deux parties d'en finir avec ce dossier qui traîne depuis plusieurs mois. Cette volonté affichée de part et d'autre s'explique par la pression qui ne cesse de monter au sein du front social. Plusieurs actions de protestation ont été déjà organisées par les travailleurs aux quatre coins du pays. Hier, encore les travailleurs de l'entreprise publique de bâtiment et d'ouvrages, (Batos) se sont regroupés devant le siège de l'Ugta à Alger pour réclamer les arriérés salaires. Au nombre de 959 travailleurs, ces derniers n'ont pas perçu leurs salaires depuis 9 mois. Pourtant, rappelle un cadre de l'entreprise, un protocole d'accord entre la SGP Indjab et la fédération nationale du Btph de l'Ugta en mars dernier stipulait clairement «le paiement des arriérés de salaires de l'ensemble des entreprises (et ou filiales) sans préalable». Or, précise-t-il, aucune décision n'a été prise dans ce sens et ce malgré les assurances du ministre des Participations et de la Promotion des investissements. L'entreprise Batos fait partie des 24 entreprises publiques économiques (EPE) et filiales devant être dissoutes. Ce qui démontre clairement que la question des salaires impayés constitue «une bombe à retardement». Le gouvernement avait donné son engagement sur ce point en chargeant les deux parties de discuter sur la manière dont sera réglée la question. Certes, ce n'est pas une simple affaire puisqu'il s'agit bien de traiter les 47.000 dossiers des travailleurs, dont ceux issus des entreprises dissoutes. Il n'en demeure pas moins que le traitement a pris beaucoup de temps. Une chose est sûre, c'est que le travail de recensement des dossiers a été achevé et il reste juste à passer à l'action. Il est fort attendu que le patronat et l'Ugta parviendront, au cours de cette rencontre, à un accord qui réglera définitivement le problème. Lors de son passage dernièrement à la Chaîne III, l'inspecteur au niveau du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, M.Mostapha Khiat, avait assuré que «l'inspection du travail veillera au respect des droit sociaux des employés dont le salaire n'a pas été perçu depuis 15 mois». Ce dernier avait souligné que plus de la moitié, c'est-à-dire 26.000 travailleurs seront pris en charge par la Caisse nationale d'allocation chômage (Cnac). Cela concernera les entreprises dissoutes. Le reste des travailleurs sera versé au dispositif de la retraite anticipée. La question a été étudiée au niveau d'un groupe de travail comprenant le ministère du Travail et de la Sécurité sociale, le ministère des Participations et de la Promotion des investissements et l'Ugta. Ce groupe a opté pour la formule du cas par cas, conformément à la situation financière et juridique de chaque entreprise.