Un premier travail d'évaluation et de listing se fera au niveau de l'UGTA, avant la rencontre de finalisation avec les ministres du Travail et de la Participation. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a décidé de prendre en charge le dossier des salaires impayés, avant la réunion tripartite (gouvernement-UGTA-patronat), qui se tiendra cette année. Dans ce cadre, des directives fermes auraient été données aux Sociétés de gestion des participations de l'Etat (SGP), pour commencer à verser les salaires impayés de plus de 20 000 travailleurs, ayant exercé dans les secteurs de la construction, des travaux publics et du textile, ainsi que dans certaines coopératives agricoles : les SGP pourraient désormais s'adresser aux banques en vue de l'achèvement de l'opération de versement des salaires dans les délais impartis. En début de semaine, la direction nationale de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) a réagi par un communiqué, accueillant “avec une grande satisfaction” l'accord donné par le Premier ministre. La Centrale syndicale a cependant précisé que 21 288 travailleurs sont concernés par ledit accord. La première question qui vient à l'esprit est de savoir pourquoi une telle décision intervient en ce moment précis, à la veille d'une élection présidentielle, où tout est fait pour susciter une large participation. Cette question est d'autant plus légitime, quand on sait que le dossier des salaires impayés devait être réglé définitivement en mai 2007. D'ailleurs, le 1er mai de cette année, le patron de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi-Saïd, avait signalé “qu'un compromis a été trouvé avec le gouvernement pour payer les 20 000 travailleurs avant le 10 mai (2007)”. Le leader syndical avait également soutenu qu'au 30 septembre 2006, pas moins de 465 entreprises étaient concernées par le non-versement des salaires. À la même époque, des confrères avaient informé de la finalisation, par le groupe tripartite chargé du dossier des salaires impayés, du recensement de 25 000 travailleurs, répartis sur 5 secteurs d'activité. Par ailleurs, pendant l'année 2006, le ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement, Abdelhamid Temmar, en visite à Oran, avait annoncé en grande pompe qu'il avait “pris la décision de régler tous les salaires impayés”. Il avait même assuré que “toutes les entreprises sont concernées, même celles qui sont fermées”, en laissant entendre que l'opération se terminera avant la fin septembre 2006. Quelques jours plus tard, le secrétaire national de l'Ugta chargé des relations générales, Abdelkader Malki, avait déclaré à l'agence de presse APS : “Les SGP ont été autorisées par le ministre des Participations et de la Promotion des investissements (…) à procéder à la prise en charge des salaires impayés sur leurs propres ressources financières, pour payer les travailleurs qui n'ont pas perçu leurs salaires depuis plusieurs mois.” Il avait aussi indiqué que cette instruction entrait dans le cadre de “la mise en œuvre des décisions arrêtées lors du Conseil interministériel”, le 12 septembre 2006. Le problème des salaires impayés, qui dure depuis 1995, est complexe. Il fait suite aux programmes d'ajustement structurel du FMI et aux restructurations du secteur public économique, engagées, au milieu des années 90. Cette opération avait mis au chômage des centaines de milliers de travailleurs, d'aucuns parlent de 400 000 à 500 000 salariés concernés. Au début de l'année 2006, Ahmed Ouyahia, alors chef du gouvernement, et le patron de l'Ugta avaient convenu d'un accord pour le règlement définitif du “vieux dossier”. L'année suivante, le successeur d'Ouyahia, Abdelaziz Belkhadem, avait révélé que le dossier des salaires impayés était finalisé, depuis le 30 avril 2007. Il avait aussi annoncé que le paiement des salaires se ferait par les SGP à partir du 15 mai 2007. Cette opération devait toucher 52 345 travailleurs exerçant dans 226 entreprises et mobiliser une enveloppe financière (consacrée aux salaires impayés) de 5,2 milliards de DA. Comme en 2006 et en 2007, la volonté du gouvernement de clore le dossier des salaires impayés est affichée aujourd'hui, mais sans que l'échéance de règlement soit connue. Sauf que cette fois, le Premier ministre semble déterminé à mettre fin à tous les dossiers restés en suspens, pas seulement celui des retards dans les salaires. Hier, des sources proches de l'Ugta ont confié à Liberté qu'un travail sera mené très prochainement au niveau de la Centrale syndicale, qui consistera à “finaliser le dossier, dans une 1re étape” : nombre d'entreprises concernées par la mesure d'Ouyahia et le secteur d'activité dans lequel elles exerçaient, modalités et délais de règlement, etc. Les mêmes sources ont indiqué que dans la “2e étape”, des rencontres s'effectueront avec les représentants des ministères du Travail et de la Participation et de la Promotion des investissements, “pour la mise en application” de l'accord. Hafida Ameyar