Les Etats-Unis s'attaquent au fond du «problème» en jetant un regard intéressé sur la législation des «pays amis». Une délégation américaine composée de quatre chefs de file législatifs ainsi que du personnel parlementaire venant de l'Illinois, du Minnesota, de l'Etat de Washington et du Wyoming, est attendue aujourd'hui à Alger où elle devra aborder, avec une trentaine de parlementaires algériens des deux Chambres, un ordre du jour précis: la manière dont les législateurs peuvent communiquer efficacement avec leurs électeurs et être à leur écoute, la stratégie avec laquelle les législateurs travaillent avec les groupes d'intérêt public et les médias et, enfin, comment répondre aux exigences des électeurs. Les ateliers seront organisés au Parlement du 27 au 30 mai. Ces ateliers, «sont une partie du programme continu entre la Conférence nationale des législatures des Etats et le Parlement algérien, programme qui vise l'amélioration des capacités législatives en Algérie et dans l'ensemble du Maghreb». A noter, en outre, que le programme de cette semaine «sera la dixième activité de coopération entre les deux institutions depuis 2004, et que l'initiative est parrainée par les promoteurs du partenariat pour le Moyen-Orient du département d'Etat des Etats-Unis». Le chef de file de la délégation américaine et président de la Conférence nationale des législatures des Etats a déclaré, il y a quelques jours au sujet de cette rencontre: «J'attends avec plaisir l'opportunité de nouer des liens plus étroits entre les Etats-Unis et l'Algérie, mais plus encore de me pencher sur l'un des aspects les plus importants de la démocratie: la responsabilité et la réceptivité d'un gouvernement vis-à-vis de ses citoyens». Les Etats-Unis s'attaquent au fond du «problème» des pays arabes et musulmans en jetant un regard intéressé sur la législation des «pays amis». Une délégation américaine représentant l'Initiative pour le partenariat pour le Moyen-Orient (Mepi) était à Alger du 10 au 15 février dernier, pour évaluer les projets en cours de réalisation dans le cadre de ce programme. Il s'agissait en fait de trois hauts cadres du Mepi auprès du département. La délégation américaine a travaillé de concert autant avec les autorités algériennes qu'avec les représentants de la société civile. Avec les multiples exercices et échanges militaires, qui se font de plus en plus accrus, il semble clair que nous nous trouvons en face de deux objectifs, l'un politique, l'autre militaire, qui peuvent paraître distincts l'un de l'autre, mais qui, en fait, ne font qu'un. L'impératif politique est motivé par un souci essentiellement sécuritaire, et donc, militaire. Pour Washington, le terrorisme n'est pas réductible si l'on s'attaque uniquement à ses effets, que sont les groupes djihadistes transnationaux, de type Al Qaîda. Les Etats arabes sont tout autant mis à l'index pour être des régimes répressifs, anti-démocratiques, coercitifs, et donc générateurs de tensions internes graves, lesquelles aboutissent à la naissance de groupes extrémistes et violents. Les déchirements qui agitent le Moyen-Orient commencent à faire désespérer Washington d'une région pacifiée, d'autant plus que les victoires du Hamas en Palestine et des Frères musulmans en Egypte, n'augurent rien de bon pour les Etats-Unis. Cette crainte américaine est accentuée par le nouveau rapprochement stratégique Syrie-Iran et le jeu d'influence opéré par Moscou en direction du Hamas palestinien et de l'Iran. Cela est à mettre à côté de deux mini-guerres, ni complètement ratées ni complètement réussies, en Afghanistan et en Irak. Cet indomptable Machrek pousse Washington à «regagner» le Maghreb, où les choses paraissent infiniment plus simples. Le projet du Grand Moyen-Orient ne concernait pas au départ l'Algérie. Les choses n'étant jamais innocentes en politique, il y a encore lieu de voir dans cette poussée américaine en Algérie, une bonne tentative de prendre de court les initiatives de l'Euromed et de Poutine et d'amarrer Alger plutôt à Washington qu'à Paris ou à Moscou. Entre les Etats-Unis et la France, c'est une véritable guerre d'intérêts qui est engagée dans la région du Maghreb et du Moyen-Orient. Le premier pas de l'Administration Bush vers la concrétisation de son projet «Grand Moyen-Orient» avait été de «phagocyter» le Maghreb en le «liant» efficacement et durablement aux nouvelles stratégies de l'Otan, qui a bel et bien pris pied dans la berge sud de la Méditerranée. Le projet global Grand Moyen-Orient implique une «stabilisation sécuritaire» de l´ensemble proche-oriental, sa connexion aux économies du Golfe avec une ouverture vers l´Asie Centrale, ainsi qu´un vaste programme de réformes institutionnelles, une incitation -plus ou moins coercitive- à la «bonne gouvernance».