Le hall d'entrée et les vestiaires de ces baraques de fortune ont été érigés à même des entrées d'établissements scolaires. Depuis le séisme du 21 mai 2003, qui n'avait pas épargné les deux mosquées de la ville, plus d'une vingtaine de mosquées-bidonvilles ou lieux de culte bricolés au moyen de plaques métalliques, de zinc et autres planchettes de bois ont poussé comme des moisissures sordides à travers une ville déjà trop fragilisée par le cataclysme, dont le centre affiche encore une image de désolation, échappant ainsi à tout contrôle de l'Etat et livrées comme tribunes liberticides inespérées aux charlatans et imposteurs de tout bord. Les apprentis-sorciers, en mettant à profit cette aubaine, à la faveur de l'après-séisme, ont ratissé large. Cette brèche ouverte n'est pas moins empreinte de laxisme et du syndrome saugrenu inclinant à la religiosité. Mais qu'importe ce phénomène dégradant s'il permet de détourner l'attention des vrais problèmes et enjeux se rapportant à la vie quotidienne des citoyens. Ce n'est assurément pas un phénomène naturel imprévisible, ceci n'a-t-il pas été préparé, grâce au relâchement de la vigilance. Par ceux qui ont fait de Bordj Menaïel et ses localités les plus environnantes, une des régions les plus vulnérables et, passant, la Mecque et un véritable bastion des «salafistes» fournissant même de nouvelles recrues aux maquis islamistes? Durant les trois années écoulées, près d'une dizaine d'éléments issus de Bordj Menaïel, notamment de Aïn El Hamra ont grossi les rangs des seriates locales. Par ailleurs, le hall d'entrée et les vestiaires de ces baraques de fortune ont été érigées à même des entrées d'établissements scolaires, à l'image du lycée Chafaï et d'espaces publics et cela ne semble gêner personne car même les autorités concernées directement n'ont pas osé lever le petit doigt. Ce n'est pas un secret d'alcôve de souligner que les prêcheurs du wahhabisme sont implicitement liés aux différents groupes de la mafia locale et autres pègres. Toutefois, outre les récents actes terroristes ayant ciblé les gardes communaux auxquels s'ajoutent rapts et rackets, il n'y a pas si longtemps, une expédition punitive survenue au site des chalets Ettahrir a suscité beaucoup d'inquiétudes parmi les habitants. Un fait divers, certes, mais digne d'un cauchemar des tragiques moments de la décennie noire: un groupe composé d'une dizaine d'individus, barbes hirsutes, et habillés en kamis afghans, arborant des matraques et gourdins ont été surpris s'improvisant minables gardiens de la morale et redresseurs des moeurs et «torts» qu'ils auraient soupçonnés chez les habitants du site. Par ailleurs, chaque jour que Dieu fait apporte également son lot de violence et de dépassements à Bordj Menaïel. Une espèce de couvre-feu est presque imposé aux habitants des quartiers dits «chauds» car la nuit tombée, des gangs s'affrontent à couteaux tirés ; cela pour dire que cette situation des plus pourries appelle plus qu'un urgent rétablissement de l'ordre dans le désordre établi. Le nombre de policiers en service à Bordj Menaïel, près d'une centaine, est très insuffisant par rapport au nombre d'habitants qui est de 118.000. Enfin, lors de la présentation du bilan des opérations de reconstruction post-séisme, le wali soulignera que le projet de la réhabilitation des deux mosquées vient d'être inscrit et recevra incessamment des crédits.