Après le séisme de 21 mai 2003 et la destruction de la mosquée locale, plus d'une douzaine de mosquées-bidonvilles, montées de toutes pièces (plaques de zinc et autres planches de bois) ont vu le jour à travers la ville déjà fragilisée par le cataclysme. Ces salles de prière improvisées échappent à tout contrôle de l'Etat et sont livrées comme tribunes liberticides inespérées aux charlatans de tout bord. Les apprentis sorciers, en mettant à profit cette aubaine, à la faveur de l'après-séisme et la loi portant Concorde civile, ont ratissé large. Selon l'inspecteur des affaires religieuses et des wakfs «toutes ces mosquées de fortune sont considérées illicites. D'ailleurs, nous n'avons désigné aucun imam dans ces lieux». Cette profusion de mosquées illicites n'est assurément pas un phénomène naturel imprévu mais fut bel et bien préparé, voire provoqué par le relâchement de la vigilance. Ce qui, de Bordj Menaïel et ses localités les plus immédiates, représente un véritable bastion des salafistes, fournissant de nouvelles recrues et de réseaux de soutien logistique. Par ailleurs, même le hall d'entrée et les vestiaires du stade Salah Takdjroud Salah ont été convertis en une grandiose salle de prière. Vraisemblablement, un vrai squat. Ces baraques de fortunes, érigées à même des entrées d'établissements scolaires, à l'image du lycée Chafaï, et des espaces publics, ne semblent gêner personne. Même les autorités concernées n'ont pas levé le petit doigt. C'est un secret de souligner que les prêcheurs de «wahhabisme» sont implicitement liés aux différents groupes de la mafia locale et autres pègres. Il n'y a pas si longtemps une expédition punitive survenue au site des chalets «Etahrire» a suscité beaucoup d'inquiétude parmi les habitants. En fait, ce genre de lieux de culte illicites, on les trouve au niveau des sites dits BCR, Vachet, Etahrire et d'autres cités comme celle dite Million. Néanmoins, dernièrement, une nouvelle mosquée a été légalement construite par des particuliers avec l'aide de l'APC au niveau de la cité Jolie-Vue. Par ailleurs, quotidiennement, des actes de violence et des dépassements sont signalés. A Bordj Ménaïel, une espèce de couvre-feu est presque imposé aux habitants des quartiers dits «chauds», car la nuit tombée, des gangs s'affrontent à couteaux tirés.