L'Algérie, qui connaît une réelle décrue de la Covid-19, avec un nombre de contaminations quotidiennes jamais atteint depuis les premières semaines de la pandémie au printemps 2020, a décidé de mettre fin au confinement dans l'ensemble du territoire national en maintenant l'interdiction des rassemblements. Mais la levée du confinement ne signifie nullement la fin de la crise sanitaire ni l'élinination définitive du risque d'un retour en force de la pandémie. Et c'est d'ailleurs ce qu'a affirmé, hier, le ministre de la Santé. En marge d'une cérémonie avec les Scouts algériens, Abderrahmane Benbouzid a mis en garde contre une 4e vague «qui pourrait s'abattre sur le pays en novembre ou décembre prochains comme le craignent les spécialistes». «La seule solution est la vaccination. Le nombre d'Algériens qui ont reçu les deux doses de vaccin n'a pas atteint les 5 millions. Ce nombre est très bas. Nous avons plus de 10 millions de doses de vaccin, et cette semaine, nous recevrons 3 millions 600 000 doses supplémentaires», a ajouté le ministre. Abderrahmane Benbouzid a donc rectifié son propre taux de vaccinés. Ce dernier avait annoncé, le 23 septembre dernier, cité par l'APS, que 50% des 20 millions d'Algériens, constituant la population ciblée, ont été vaccinés contre la Covid-19, soit donc une dizaine de millions de personnes. Le nombre des vaccinés en Algérie, revu à la baisse, avait été annoncé, mardi dernier, par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), sur son site officiel. L'organisation s'est félicitée que l'Algérie ait atteint l'objectif mondial de la vaccination de 10% fixé à fin septembre. L'OMS avait précisé également qu'au 10 octobre 2021, plus de 10,7 millions de doses de vaccin ont été administrées et un peu plus de 6 millions de personnes ont reçu au moins une dose de vaccin, soit 31,3% de l'objectif arrêté dans la stratégie du gouvernement. Parmi ces dernières, 4,5 millions sont désormais entièrement vaccinées, soit 22,7% de cette population cible et 10,2% de la population totale. Mais, avec un taux de vaccination de seulement 10%, l'Algérie est loin d'être immunisée contre la prochaine vague et devra, sans attendre, s'y préparer, surtout que le risque a été évoqué par plusieurs spécialistes dont le président du Conseil de l'Ordre des médecins et membre du comité scientifique, le docteur Bekkat Berkani. Ce dernier confirme la stabilité enregistrée, ces derniers jours en matière de contamination par le coronavirus, mais soutient que l'Algérie, qui passe actuellement par une phase de décrue, pourrait bien connaître une 4e vague entre novembre et janvier. Il met en garde contre la baisse significative de la demande de vaccination en raison «d'un manque de sensibilisation et la sous-estimation de la gravité de l'épidémie. La vaccination retardée contribuera à la propagation de la maladie». Avec le retard enregistré dans la campagne de vaccination et la levée totale du confinement, il est plus que nécessaire que les services d'Abderrahmane Benbouzid se préparent sérieusement au risque d'une recrudescence de la pandémie. Les carences et les erreurs qui ont été enregistrées l'été dernier, doivent servir de leçon. Les cris d'«étouffement» des citoyens, médecins et spécialistes dénonçant une crise sans précédent de disponibilité d'oxygène, à en perdre des malades, ne devront plus retentir, ni ceux dénonçant le manque de lits ou encore l'indisponibilité du Lovenox ou un quelconque autre médicament. L'Algérie a été suffisamment endeuillée avec la 3e vague et il est de la responsabilité des autorités d'être prévoyantes et d'éviter une nouvelle hécatombe au pays. Certes, le gouvernement a déployé, depuis, d'importantes ressources humaines et matérielles pour freiner la propagation du virus dans l'ensemble du pays. Mais la réalité est là, le taux de vaccination n'est qu'à 10% et il faut se préparer à faire face à une 4e vague. Une préparation qui doit être sans faille.