Faut-il faire confiance à un pays qui nous a habitués à des coups de poignard dans le dos? La position saoudienne dans le conflit du Sahara occidental est aux antipodes de celle de l'Algérie. Elle ne constitue pas une surprise en soi. Sauf que cette fois-ci elle a franchi le Rubicon en qualifiant ce territoire, qui figure pourtant sur la liste des territoires non autonomes de l'ONU, qui restent à décoloniser du «Sahara marocain». Un parti pris qui acte la mainmise de notre voisin de l'Ouest sur la dernière colonie d'Afrique, à un moment où le SG de l'Organisation des Nations unies, Antonio Guterres, qui tient enfin son nouvel Envoyé spécial pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, affiche sa volonté de relancer les négociations entre Sahraouis et Marocains, pour la mise en oeuvre d'un référendum qui puisse garantir le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. La diplomatie saoudienne dérape. Elle fait fi de la légalité internationale et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Des principes avec lesquels ne badine pas l'Algérie. C'est sans doute, dépité par la fin de non-recevoir de sa tentative de médiation entre Alger et Rabat, que le royaume saoudien a décidé de se ranger aussi nettement du côté de monarque alaouite, de voler à son secours, pour parachever son annexion du Sahara occidental. «Le royaume d'Arabie saoudite réitère son soutien au plan d'autonomie du Sahara marocain, dans le cadre de la souveraineté du Maroc et de l'unité de son territoire national, comme une solution, en adéquation, avec le droit international, la Charte des Nations unies, les résolutions du Conseil de Sécurité et de l'Assemblée générale», a déclaré l'ambassadeur saoudien à l'ONU, Abdallah Y. Al-Mouallimi. Des propos qui s'inscrivent dans le pacte signé par le souverain marocain et l'Arabie saoudite, qui a soutenu l'intervention militaire en Syrie. Riyadh et Rabat ont décidé de faire cause commune en ce qui concerne le conflit syrien dans lequel l'Iran, ennemi juré de la monarchie saoudienne et la Russie, qui en sont parties prenantes, constituent un soutien incontesté au président Bachar Al Assad. La position saoudienne intervient aussi au moment où les Palestiniens, mains nues, tombent sous les balles assassines des Israéliens où la Syrie, l'Irak et la Libye déstabilisées par les interventions et les expéditions militaires occidentales, tentent de se reconstruire. Les deux monarchies ont scellé une «alliance stratégique» le 10 février 2016, qui fait de la chute du président syrien une priorité. L'ex-chef de la diplomatie saoudienne, Adel Al-Jubeir avait indiqué, à cette occasion, que son pays, qui était disposé à envoyer des troupes terrestres en Syrie, oeuvrait à une solution pour lui «bâtir un avenir sans Bachar Al Assad». Le Maroc avait, de son côté, réitéré son soutien total à Riyadh concernant son intervention militaire au Yémen. Les deux parties considèrent que l'opération «Tempête décisive» a été déclenchée pour défendre l'intégrité de ce pays frère et y restaurer la paix et la sécurité...», avait déclaré l'ancien ministre des Affaires étrangères marocain Salaheddine Mezouar. Des entreprises «guerrières» paraphées, lors de la tenue de la 13e Commission maroco-saoudienne, au mois de mai 2016, au Maroc. La contrepartie de cette «allégeance» marocaine s'est traduite par le soutien saoudien au projet d'autonomie marocaine du Sahara occidental. «L'Arabie saoudite salue et soutient l'initiative de Sa Majesté le roi Mohammed VI, relative au plan d'autonomie du Sahara occidental, sous souveraineté marocaine», avait assuré l'ancien MAE du Royaume wahhabite. Six ans plus tard, l'histoire bégaie de nouveau, sur fond de rupture des relations diplomatiques entre l'Algérie et le Maroc.