Les autorités du Makhzen veulent que l'appui politique de ces monarchies sur le dossier du Sahara occidental évolue vers des participations dans des projets de développement de la région. Alger et Riyad divergent sur les principaux dossiers internationaux, à commencer par la politique arabe de cette première puissance pétrolière du Golfe à laquelle l'Algérie refuse d'adhérer. Aussi bien au sein de l'Opep et de la Ligue arabe, les deux capitales peinent à coordonner. A commencer par la question du Sahara occidental qui constitue l'un de ces points de discorde. En effet, un peu plus d'un mois après sa visite, fin décembre dernier en Algérie, le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel Al-Joubeir prend son bâton de pèlerin pour se rendre chez le voisin de l'Ouest. Rien de plus normal, sauf que le chef de la diplomatie wahhabite a dépassé toutes les limites, en venant «narguer» l'Algérie sur l'épineux dossier du Sahara occidental. «Nous soutenons ces efforts ainsi que le programme mis en place pour porter à un haut degré le développement de ces provinces(…) ; l'Arabie saoudite salue et soutient l'initiative de SM le roi Mohammed VI relative au plan d'autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine. Nous espérons avoir une solution urgente à ce problème», ajoute al-Jubeir, lors d'une conférence de presse conjointe tenue jeudi à Rabat, avec son homologue marocain Salaheddine Mezouar. Ce n'est pas tout, puisque le ministre marocain a indiqué avoir «discuté avec le ministre saoudien des possibilités d'investissement de l'Arabie saoudite dans les provinces sahariennes marocaines». Ainsi, le Maroc qui vient d'être débouté par l'UE, trouvant illégal tout investissement dans les territoires sahraouis occupés, se rabat sur les monarchies du Golfe. Les autorités du Makhzen veulent que l'appui politique de ces monarchies sur le dossier du Sahara occidental évolue vers des participations dans des projets de développement de la région. C'est dans ce cadre que s'inscrivent les deux visites des ministres de l'Intérieur et des Finances au Koweït et en Arabie saoudite. Des messages auraient même été adressés par ces émissaires de «Sa Majesté» au roi d'Arabie saoudite et à l'émir du Koweït, pour investir dans les territoires sahraouis. Le Maroc souhaite une implication financière en provenance des monarchies du Golfe au Sahara. Ces deux déplacements ont été effectués alors que le roi Mohammed VI se trouvait au Sahara occidental occupé où il avait annoncé un programme d'investissements de 1,5 milliard d'euros. Diversion oblige sur les violations à grande échelle des droits de l'homme dans ces territoires, d'ailleurs unanimement dénoncées par les principales ONG internationales ; le royaume chérifien soutient pratiquement tous les projets «maléfiques» de Riyad, à commencer par l'annexion du Yémen, les velléités d'intervention en Syrie et les manœuvres de déstabilisation de certains pays arabes. Le rôle de l'Arabie saoudite dans l'avènement des formations salafistes en Algérie au début des années 90 n'est plus à démontrer. Au point où les autorités algériennes de l'époque reprochaient au régime wahhabite de financer les partis extrémistes algériens, au premier rang desquels l'aile politique des groupes islamistes armés, le FIS dissous. Une tendance qui a été confirmée par le bourbier syrien, où le soutien de Riyad aux groupes armés en Syrie est confirmé. A Alger, on est conscients que le royaume wahhabite nourrit secrètement des desseins autres que ceux qu'il met en avant, à savoir combattre le terrorisme, dont il est le principal parrain.