La campagne de vaccination patine. Cela semble même pire que ce que l'on pouvait croire. De l'aveu du ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, les choses évoluent à pas de tortue! Même le personnel médical fait preuve d'une réticence à l'égard du vaccin anti-Covid-19. «Ils sont à peine 20% à avoir reçu leurs deux doses de vaccin», a souligné le ministre, hier à Alger, en marge de la Journée nationale du don de sang. Même constat chez le corps des enseignants où la barre des 20% n'a pas été dépassée. Les étudiants refusent carrément cet «antidote». Le taux de vaccination de cette frange sensible n'a pas atteint les 1%. Un tableau noir qui démontre l'échec de cette campagne qui a, pourtant, vu la mobilisation de moyens importants de la part des hautes autorités du pays. Comment faire alors pour pousser les citoyens à se faire «piquer»? Les pouvoirs publics vont-ils rendre le vaccin obligatoire? Le professeur Benbouzid réfute cette hypothèse. «Comme l'a déjà fait savoir le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, cela relève des libertés individuelles. La vaccination est un choix personnel et elle le restera», a-t-il soutenu. Néanmoins, le ministre de la Santé n'écarte pas la mise en place de mesures incitatives. Parmi elles, la mise en place d'un pass sanitaire pour l'accès à certains endroits publics. Il donne l'exemple de ce qui a été fait en collaboration avec le ministère de la Jeunesse et des Sports avec l'obligation d'être vacciné pour accéder aux stades et aux salles de sport. «Nous envisagions de faire de même pour l'accès à certains lieux publics à forte concentration humaine. Cela afin d'encourager les jeunes à se faire vacciner», a-t-il rétorqué. Abderrahmane Benbouzid laisse entendre que cela pourrait se faire en ce qui concerne les salles des fêtes et les cinémas. L'Algérie semble donc se diriger vers la mise en place d'un passeport sanitaire, mais pas dans la même forme que celui qui a été imposé dans les pays européens. Il s'agira plus d'une mesure incitative que répressioniste. Mais cela sera-t-il suffisant pour rattraper le retard accumulé? À peine 10% de la population locale est entièrement vaccinée. Ce qui équivaut à moins de 20% de la population cible. On est très loin de l'objectif des 60% tracé pour atteindre la fameuse immunité collective. Pourtant, l'Algérie, qui connaît ces dernières semaines, une stabilisation de la situation sanitaire, est devant une occasion en or pour construire une digue face à une nouvelle vague. Surtout que les vaccins ne manquent pas. «On dispose d'une réserve estimée à plus de 13 millions de doses de vaccin», fait savoir le ministre. Malgré cela, les citoyens «boudent» encore le vaccin. Il est donc urgent de prendre des décisions fortes pour changer la donne. Car, la 4e vague frappe à nos portes. Les spécialistes prédisent même son arrivée avant la fin de l'année. Pis encore, ils estiment qu'elle pourrait être plus violente que les trois précédentes. Cela est d'autant plus vrai qu'un grand relâchement est constaté ces derniers temps chez la population. De plus, le variant Delta, hautement contagieux, circule majoritairement dans le pays et pourrait connaître de nouvelles mutations, comme en Occident, ce qui accélérerait l'apparition de la nouvelle vague. Pour les médecins, le seul moyen de faire face à ce tsunami est l'immunisation d'une grande majorité de la population. Il n'est pas encore trop tard pour gagner cette bataille de la vaccination. Puisque, selon les affirmations du professeur Benbouzid, l'Algérie peut vacciner jusqu'à 6 millions de personnes par mois. Aux autorités de trouver, donc, la bonne formule pour convaincre les Algériens...