Le projet de loi de finances 2022, présenté par le Premier ministre, ministre des Finances Aïmène Benabderrahmane, devant la commission des finances de l'APN, s'orienterait vers la suppression «progressive» des subventions directes de l'Etat aux produits de première nécessité qui serait compensée par un «dispositif national de compensation au profit des ménages nécessiteux» qui «sera concrétisé à travers un programme de transfert monétaire direct au profit des ménages qui y sont éligibles», parce que les subventions profiteraient plus aux «populations aisées». À cet effet, on prévoit la création d'un «dispositif national de compensation au profit des ménages nécessiteux». Mais on n'en est pas encore là, l'embellie financière due à la hausse du prix du baril au-dessus de la barre des 86 dollars autorise une accalmie. Car on est censé admettre, suivant les chiffres réconfortants, que malgré la pandémie, l'Algérie s'en sort avec moins de dégâts que beaucoup d'autres pays qui souffrent des hausses des prix de l'énergie sur le marché mondial, en cette période hivernale. Cette embellie chez les pays producteurs de gaz et de pétrole durera jusqu'à la mi-2022 tout au plus, estiment les experts. D'ici là, notre gouvernement doit se pencher sur les aspects saillants de la crise qui ont caractérisé ces dernières années, à savoir le chômage grimpant et la montée des prix sur le marché. Car il faut relever que, d'une manière générale, les produits de première nécessité sont importés de l'étranger et leur hausse gangrène les ménages à faibles revenus. Sans omettre les efforts fournis par les pouvoirs publics, comme les aides consenties aux start-up, aux petites entreprises, à l'encouragement des jeunes par les aides fournies par l'Etat, en vue de créer des emplois, mais qui demeurent insuffisants. Vu le taux de chômage en montée vertigineuse et touchant de manière générale les tranches sociales instruites, il y a lieu de redoubler d'intensité avec les aides pour créer davantage d'emplois parce que la période de l'assistanat social ou l'achat «de la paix civile», comme faisaient les prédécesseurs, est révolue. Cette classe moyenne, la plus concernée par les «réformes» serait, à défaut, appelée à descendre plus bas si on ne prend pas ses devants. Tant qu'il y a l'embellie, il faut redoubler d'efforts pour la mettre à l'abri. Car, il faut rappeler qu'à la veille de la célébration du 67e anniversaire du déclenchement de la révolution du 1er novembre, la majorité de ses initiateurs appartenait à cette catégorie médiane qui souffrait de la mainmise des gros colons sur les richesses du pays. Les jeunes diplômés qui se jettent dans la mer, en allant à la quête d'un idéal ou simplement pour manger à leur faim, attendent du concret parce que selon les expériences passées, toutes les politiques se ressemblent si elles ne causent pas le déclic. Enfin, au-delà de l'aspect économique, il y a le volet concernant le pouvoir judiciaire qui nécessite la volonté de lui «redonner la place privilégiée qu'il mérite», comme l'a exprimé le premier magistrat du pays. On ne répètera jamais assez,que l'injustice doublée d'un horizon incertain accentuent la mal-vie. Si on revenait aux germes du Hirak de février 2019, on découvrirait que ses principaux initiateurs appartenaient à cette classe moyenne qui craignait pour son avenir et l'avenir de ses enfants et qui, au fil des jours, a drainé toutes les couches sociales. On ne sait pas encore si cet aspect a été relevé car quand la peur d'un avenir incertain s'installe, les incertitudes se succèdent pour combler ce vide qui se répercute sur la paix civile.