Les mesures prises par le ministre du Commerce, Kamel Rezig, pour faire descendre le prix de la pomme de terre, semblent être vaines. Ces mesures consistaient d'abord, à préparer une loi antispéculation pour dissuader les barons du marché des fruits et légumes, puis dans un second temps, le contrôle rigoureux des points de stockage et enfin la saisie des récoltes, comme cela s'est passé à Relizane, pour les vendre à moitié prix avec l'intention de casser les prix. Mais sur le fond, le marché qui irrite les ménages, n'évolue pas vers la sérénité car les bourses de la classe moyenne ne permettent pas le luxe de s'offrir un plat aux frites. Tout le monde attendait l'accalmie sur le marché, mais rien n'apparaît à l'horizon. Tous les discours de bonne intention n'ont pas suffi à rassurer le consommateur. Afin de mieux cerner la question, on a interrogé un fellah de Aïn Defla, une région qui produit de la bonne pomme de terre, à l'instar des contrées comme Mascara, El Oued, Mostaganem ou Bouira. Ce dernier estime qu'à cause de la pluviométrie «les gens ont semé moins de patates cette année». En plus de cela, «les forages, dans la zone de Aïn Defla, ne se font qu'avec autorisation de l'administration qui les délivre rarement». Notre interlocuteur est catégorique: «Le prix de la pomme de terre ne descendra pas cette année.» D'un autre côté, il révèle que «les aires de stockage sont contrôlées et que ce sont les autorités qui «leur demandent de mettre sur le marché telle quantité». Ce n'est, bien sûr, que l'avis d'un fellah lambda dans une région à vocation agricole. L'autre aspect est causé par les spéculateurs. D'une manière générale, les fellahs -principalement ceux qui tiennent les exploitations collectives ou individuelles- travaillent la terre, la sèment puis, une fois la récolte prête, ils la vendent sur les champs pour éviter le casse-tête de la cueillette et du marché. Notre interlocuteur nous raconte l'histoire d'un champ de choux dont il avait vendu la récolte à un revendeur de Sétif: «Ce dernier a pris un premier chargement, puis le prix a chuté d'une façon vertigineuse, il m'a appelé pour me dire de laisser les gens cueillir les choux parce que les prix ont baissé. C'est ce que j'ai fait, assure-t-il, parce que personne ne peut contrôler le marché; ça monte et ça descend selon l'offre et la demande.». Aujourd'hui, le prix de la pomme de terre pose un sérieux problème. Va-t-on recourir à son importation si le marché persiste dans cette voie? En attendant la réponse, à quelques mois du Ramadhan, il y a lieu de repenser la politique agricole. Car, il faut l'avouer, toutes les réformes dans le secteur agricole n'ont pas été satisfaisantes, pour ne pas dire, ont échoué; à commencer par la révolution agraire qui a créé des villages agricoles qui se sont éloignés de leur vocation initiale. Les descendants de ces fellahs arrachés de leurs plaines et montagnes pour travailler les terres, confisquées à leurs propriétaires, sont restés sur les lieux. La plupart sont restés sans emploi. C'est là qu'ils sont nés et ne connaissent pas, pour la plupart, leur région d'origine. D'autres ont réussi, grâce à la généralisation de l'école dans les coins reculés, et figurent parmi les cadres compétents, mais ils se comptent sur les doigts d'une seule main pour certaines coopératives. La majorité vivote tout près des villes et villages sans vraiment percer. Les réformes de Chadli n'ont pas non plus permis de subvenir aux besoins de la population en autosuffisance alimentaire. Comme on l'a évoqué dans un article récent. Les exploitations agricoles prennent la tournure de morcellement pour créer d'autres faubourgs qui viendront s'ajouter à ceux déjà existants. D'autres diraient que la terre ne fait plus vivre. Mais quelles sont les raisons? l'Algérie n'était-elle pas le grenier de l'Europe? Les Français n'ont-ils pas envahi l'Algérie parce qu'ils ne pouvaient plus payer les dettes dues au blé livré sur ordre du dey d'Alger pour nourrir les troupes napoléoniennes?