Malgré les appels pressants de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) à l'adresse du Parlement, basé à Tobrouk, et du Haut Conseil d'Etat, basé à Tripoli, pour l'élaboration d'un cadre juridique indispensable à l'organisation des élections sous l'égide de la Haute Commission électorale nationale (HCNE), les jours passent et se ressemblent, avec un statu quo qui inquiète de plus en plus la population. La Manul souhaite toujours la tenue simultanée des élections législatives et de la présidentielle, le 24 décembre prochain, alors que le Parlement avait décidé, en septembre dernier, de reporter le scrutin parlementaire à fin janvier 2022, provoquant la colère du HCE et des dirigeants de la transition. Partisane d'une élection unique, libre, inclusive et partant crédible, la Manul a encore répété, à la veille de la nouvelle session du Parlement, dimanche dernier, que cette démarche découle de la feuille de route adoptée par le Forum de dialogue politique inter-libyen (FDPL) et des résolutions du Conseil de sécurité n° 2570 et 2571, durant l'année en cours, ainsi que des résultats de la Conférence Berlin II sur la Libye. Répétant combien un tel cadre juridique est nécessaire pour sauvegarder l'intégrité du processus électoral et par-là même garantir le droit du peuple algérien à élire librement et démocratiquement ses représentants, la mission onusienne a focalisé ses efforts sur les travaux du Comité militaire mixte 5+5, dont elle reconnaît la bonne volonté en ce sens et dont elle salue les résultats plus que probants engrangés depuis 2020. Il n'en demeure pas moins que la dimension juridique des élections est à ce jour suspendue à un accord des instances élues et notamment le Parlement que préside Saleh Aguila, Parlement que d'aucuns accusent de vouloir en réalité entraver la tenue des législatives afin de préserver la «légitimité» de l'actuelle assemblée parlementaire, auto-reconduite depuis de très nombreuses années. C'est ce qu'a, très clairement, dénoncé l'ancien ministre de la Justice libyen, le juriste Mohamed al-Allaquie qui juge la loi électorale, votée par le Parlement en septembre dernier et aussitôt rejetée par le Haut Conseil d'Etat, de «défectueuse», même si le document a été transmis en l'état à la HCNE, à la Chambre des représentants, sise à Tripoli, et aux dirigeants de la transition, notamment le président du Conseil présidentiel, al-Manfi, et au Premier ministre, Dbeibah. Dans un entretien avec l'agence officielle libyenne, al-Allaquie accuse le Parlement d'entrave au processus politique pour éviter des législatives le 24 décembre et il affirme même avoir déposé un recours contre cette loi devant la chambre constitutionnelle de la Cour suprême libyenne. Dans un tel contexte, l'ONU compte remettre les pendules à l'heure, lors de la Conférence de Paris, prévue dans une semaine. De son côté, le vice-président du Conseil présidentiel, Abdallah al-Lafi, a réitéré l'attachement des autorités nationales de transition à la feuille de route émanant du FDPL, c'est-à-dire à des élections simultanées qui consacreront les aspirations du peuple libyen à la paix, l'unité et la souveraineté du pays. Autant dire que les jours prochains vont être cruciaux pour déterminer la capacité des parties prenantes à la crise de sortir de l'impasse politique actuelle et conforter les progrès accomplis pour redonner à la Libye sa place et son rôle dans la région et dans le continent.